Bronchiolite à VRS : deux études confirment l’efficacité du nirsévimab sur la réduction des hospitalisations et des cas sévères

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Publié le 26/04/2024
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L’Institut Pasteur et Santé publique France publient deux études qui confirment l’efficacité de l’administration de l’anticorps monoclonal nirsévimab contre les cas sévères de bronchiolite à VRS chez les moins de trois mois.

Crédit photo : BURGER / PHANIE

L’anticorps monoclonal nirsévimab (Beyfortus, Sanofi) a permis de limiter cet hiver les formes sévères chez les nourrissons de moins de trois mois, cible prioritaire de la campagne d’immunisation préventive lancée en septembre. C’est ce que confirment deux études de l’Institut Pasteur et de Santé publique France (SPF), l’une estimant l’efficacité en vie réelle du nirsévimab contre les cas de bronchiolite à VRS admis en réanimation et l’autre évaluant l’impact en termes d'hospitalisations évitées par un travail de modélisation.

Déjà, fin février 2024, lors d’un bilan des infections respiratoires aiguës de l’hiver, la Direction générale de la santé se réjouissait des résultats prometteurs, avec une efficacité estimée entre 70 et 80 % sur la réduction du nombre d’hospitalisations et d’admissions en soins intensifs des tout-petits. La Pr Christèle Gras-Le Guen, pédiatre au CHU de Nantes, avait également présenté un retour de terrain très positif.

La première étude en vie réelle a ainsi confirmé le bénéfice du nirsévimab avec une baisse du nombre de nourrissons hospitalisés et une efficacité de traitement entre 76 et 81 % pour les nourrissons admis en réanimation. La seconde de modélisation évalue à 5 800 le nombre d'hospitalisations évitées après passage aux urgences entre le 15 septembre 2023 et le 31 janvier 2024 en métropole. Ces résultats montrent ainsi « l’impact positif du nirsévimab sur l’épidémie de bronchiolite », peut-on lire dans le communiqué.

Un système de surveillance pilote

La première étude, cas-témoins en vie réelle, conduite par Santé publique France, a inclus 288 nourrissons hospitalisés en soins intensifs entre le 15 septembre 2023 et le 31 janvier 2024. L’échantillon comptait 91 % de nourrissons âgés de 0 à 3 mois, avec 55 % de garçons ; le VRS a été identifié chez 83 % des nourrissons, dont 8 % en association avec un autre pathogène. L’analyse a donc porté sur 238 cas et 50 contrôles (infectés à 48 % par un rhinovirus). Durant la période d’étude, seuls 20 % des nourrissons avaient reçu le nirsévimab au moins 8 jours avant leur hospitalisation en soins intensifs ; ils étaient plus souvent prématurés que les nourrissons non traités (29 % versus 10 %). Pour l’analyse principale, les auteurs ont ainsi retrouvé une efficacité de 75,9 % contre les cas de bronchiolite à VRS admis en soins intensifs. Les deux analyses de sensibilité ont montré elles des efficacités de 80,6 et 80,4 %.

Cette étude a été réalisée grâce à la mise en place d’un système pilote de surveillance des cas sévères de bronchiolite chez les enfants de moins de deux ans par les cellules régionales de SPF, en collaboration avec le réseau Picure (pour Pediatric Intensive Care Unit Registry). « Grâce à notre système de surveillance de la bronchiolite et à l’implication des réanimateurs, nous avons pu évaluer dans un délai très court et en vie réelle les effets positifs du nirsévimab (Beyfortus) sur la santé des nourrissons. Ces résultats ont été transmis aux autorités compétentes pour éclairer les décisions et l’action publique en matière de prévention des cas de bronchiolite à VRS », expose Isabelle Parent du Chatelet, responsable de l’unité infections respiratoires et vaccination de SPF dans le communiqué de l’agence.

35 % d’hospitalisations en moins chez les 0-2 mois

La deuxième étude conduite conjointement par des chercheurs de l’Institut Pasteur et des épidémiologistes de SPF évalue, pour la période entre le 15 septembre et le 4 février 2024 dans l’Hexagone, à 5 800 le nombre d’hospitalisations pour bronchiolite à VRS évitées après passage aux urgences ; soit une réduction de 23 % du nombre total d’hospitalisations. Parmi elles, 4 200 concernent des tout-petits (entre 0 et 2 mois), soit une réduction de 35 %. Ces travaux de modélisation, qui ont caractérisé la transmission du VRS dans les différents groupes d’âge, ont proposé des scénarios plausibles pour l'administration de doses de nirsévimab.

Leurs travaux se sont fondés sur les données de livraison des doses aux maternités et aux pharmacies, et celles de surveillance hospitalière et virologique de mi-2017 au 4 février 2024, et sérologiques. Dans un scénario avec 215 000 doses administrées au 31 janvier 2024, l'efficacité du nirsévimab contre les hospitalisations pour bronchiolite à VRS a été estimée à une hospitalisation évitée pour 39 doses administrées, soit 73 % d’efficacité. « Notre étude met en évidence la pertinence de l'administration du nirsévimab pour réduire les hospitalisations dues au VRS », argumente Simon Cauchemez, responsable de l’unité de modélisation mathématique des maladies infectieuses à l’Institut Pasteur. Si les deux études utilisent des approches différentes, « l’une analyse les données en situation réelle dans les services de réanimation pédiatrique alors que l’autre modélise les données de surveillance en population », le chercheur explique que leurs estimations sont similaires quant à l’efficacité du nirsévimab.

Ces résultats, qui confirment les retours de terrain sur le Beyfortus, apportent des arguments supplémentaires pour l’intégrer aux recommandations. Le rapport sur le service médical rendu de la Haute Autorité de santé est attendu d’ici à juin 2024 ainsi que les premiers résultats d’efficacité du vaccin anti-VRS Abrysvo (Pfizer) destiné aux femmes enceintes.



Source : lequotidiendumedecin.fr