Colopathie fonctionnelle : la réponse au régime pauvre en fodmaps dépend du profil métabolique

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Publié le 27/08/2024
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L’efficacité d’un régime pauvre en fodmaps dans le syndrome de l’intestin irritable montre que la réponse est plus marquée en cas de dysbiose importante, selon une étude publiée dans « The Lancet ».

Crédit photo : GARO/PHANIE

Tout le monde n’est pas répondeur au régime pauvre en fodmaps qui veut. C’est ce qu’indique une étude publiée dans The Lancet qui montre qu’en fonction du métabotype – le profil métabolique – la réponse au régime pauvre en fodmaps, c’est-à-dire en glucides fermentescibles (fodmap étant l’acronyme anglais de Fermentable by colonic bacteria Oligosaccharides, Disaccharides, Monosaccharides And Polyols) dans le cadre d’un syndrome de l’intestin irritable (SII) varie.
Dans cette étude, les auteurs se sont intéressés plus particulièrement aux patients de profil « SII-P » caractérisé par un environnement très dysbiotique, riche en Firmicutes et pauvre en Bacteroidetes. En effet, ces derniers réagissent mieux au régime pauvre en fodmaps que d’autres. Les chercheurs ont ainsi constaté que le profil SII-P possédait un métabotype particulier. « Cela pourrait permettre une restriction ciblée des fodmaps chez les personnes les plus aptes à réagir », expliquent-ils. Le métabolome du SII serait donc un facteur clé modifiable de la physiopathologie du SII et de l'hypersensibilité viscérale.

En France, les recommandations 2021 de la Société nationale française de gastro-entérologie présentent le régime pauvre en fodmaps comme une option thérapeutique « qui peut être tentée » et l'American College of Gastroenterology recommande « un essai limité du régime pauvre en fodmaps », du fait d’un faible niveau de preuves.

La réponse est dans le volatilome fécal

Dans ce travail, les auteurs ont analysé le volatilome fécal – défini comme l’ensemble des métabolites volatils émis par les féces - de 112 individus, dont 56 ayant un SII, chacun apparié avec un témoin sain, à l’inclusion et après quatre semaines de régime pauvre en fodmaps. Parmi le groupe SII, 50 % présentaient le sous-type microbien SII-P tandis que l’autre moitié ressemblait plutôt aux témoins (SII-H). Les symptômes des SII-P étaient plus sévères que ceux des SII-H. L'analyse des volatilomes distingue deux métabotypes, dont un attribué au profil SII-P et l’autre au SII-H. Pour le SII-P, les auteurs retrouvent un profil métabolique fermentaire riche en acides gras à chaîne courte qui s’appauvrit après quatre semaines de régime pauvre en fodmaps, s’alignant alors presque avec le métabotype des SII-H.

Réduction des douleurs et d’autres symptômes

Après quatre semaines de régime pauvre en fodmaps, l’équipe a observé uniquement chez les SII-P des réductions significatives des acides gras à chaîne courte, témoignant donc d’une réponse clinique au régime contrairement aux SII-H. Les auteurs rapportent que 43,8 % des SII-P étaient en rémission après le régime contre 25 % des SII-H (OR = 2,30) ; la réponse au régime était plus forte chez les SII-P que les SII-H (56,9 versus 39,6 %). De plus, la réduction de l’intensité douloureuse était significativement plus importante dans le groupe SII-P que dans le groupe SII-H (- 63,1 % versus - 42,1 %), ainsi que l'amélioration globale des symptômes.

En résumé, les individus atteints d’un syndrome de l’intestin irritable de profil SII-P présentent une abondance relative de Firmicutes pouvant engendrer une richesse en acides gras à chaînes courtes si elles sont exposées à des fodmaps. Un régime pauvre en glucides fermentescibles réduit la biomasse fermentaire et des acides gras saturés, permettant aux SII-P de se rapprocher de la composition du métabolome du SII-H et de réduire significativement les symptômes du SII et les douleurs abdominales.


Source : lequotidiendumedecin.fr