Fibromyalgie, rhumatismes inflammatoires, troubles anxieux et dépressifs, sclérose en plaque et même cancer… À l’origine développée pour les sportifs de haut niveau, afin de prévenir ou traiter les douleurs musculaires après l’exercice, la cryothérapie corps entier (CCE) connaît un engouement croissant avec des indications revendiquées de plus en plus larges. Pourtant, cette technique reste très mal évaluée et expose potentiellement à des effets secondaires bien réels, conclut un rapport publié hier par l’Inserm.
Aucune indication officielle
La CCE est une technique de refroidissement corporel par exposition entière du sujet dans une chambre cryogénique pendant quelques minutes (2 à 3) à un froid sec (-100 °C à -170 °C).
Actuellement, « aucune recommandation émanant de sociétés savantes n’a statué sur ses indications », rappellent en préambule les auteurs du rapport.
Quelques études positives mais critiquables
Concernant son efficacité, « les essais disponibles sont peu nombreux, comportent d’importantes limites méthodologiques, avec une absence d’évaluation des interventions à moyen et long terme ». Pour les indications « sportives », une méta-analyse Cochrane incluant quatre essais portant sur un total de 64 sujets, s’est intéressée à CCE pour la prévention et le traitement des douleurs musculaires après l’exercice. Les auteurs concluent à l’insuffisance de données probantes actuellement disponibles pour appuyer l'utilisation de la CCE dans cette indication.
Concernant les autres indications, l’analyse des rares études disponibles suggère que trois semaines de cryothérapie (10 – 15 séances) pourraient être efficaces sur les douleurs de fibromyalgie et lombaires et améliorer l’anxiété et la dépression, en complément d’une prise en charge classiques. Cependant, « toutes les études présentaient un risque majeur de biais, limitant la fiabilité de leurs résultats », tempère l’Inserm.
Par ailleurs, « nous n’avons détecté aucun essai clinique contrôlé d’effectif suffisant, évaluant l’efficacité de la CCE dans ce cadre des autres indications revendiquées comme la sclérose en plaques, la spondylarthrite ankylosante… », indiquent les experts.
Brûlures, céphalées, urticaire au froid, etc.
En termes de sécurité, « des effets secondaires bien réels ont été répertoriés » essentiellement à type de brûlures locales, céphalées, urticaire chronique au froid, panniculite à froid et intolérances digestives. Plusieurs cas d’ictus amnésique ont aussi été décrits. Une dissection de l’aorte abdominale a également été rapportée après 5 séances. « Il pourrait s’agir d’une complication cardiovasculaire déclenchée ou accélérée par la CCE mais les données sont insuffisantes pour démontrer ou infirmer la causalité de la cryothérapie ».
Dans ce contexte, l’Inserm appelle à mieux évaluer la CCE mais aussi à encadrer davantage les pratiques.
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