En moyenne, « 86 enfants de moins de 18 ans sur 100 ont été exposés à au moins une prescription médicamenteuse au cours d’une année, ce qui correspond à une augmentation de 4 % par rapport à 2010-2011. Les enfants de moins de six ans représentaient la catégorie des enfants la plus exposée aux médicaments avec plus de 97 enfants sur 100 concernés sur une année », indique un communiqué de l'Inserm dont des chercheurs ont cosigné une étude sur les prescriptions médicamenteuses faites aux enfants en France sur la période 2018-2019.
Comparaison sur 10 ans
Ce travail, qui a fait l'objet d'une publication dans The Lancet Regional Health Europe, a été conduit par des chercheurs de l’Inserm, de l’Université de Paris, de l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines / université Paris-Saclay et de l’AP-HP, et du groupement d’intérêt scientifique Epi-Phare. Il a permis de comparer l'évolution des prescriptions médicamenteuses dans cette population, puisqu’une étude sur ce sujet avait été conduite en 2010-2011 grâce aux données fournies par le Système national de données de santé. Celle-ci avait révélé des résultats préoccupants, « avec une fréquence de prescriptions la plus élevée au monde », indique l'Inserm. Cela avait d'ailleurs conduit à publier de nouvelles recommandations sur le bon usage de certains médicaments et à engager des politiques de déremboursement pour tenter de corriger cette surprescription.
Dix ans après, les effets attendus de ces mesures s'avèrent décevants, comme le souligne, le Dr Marion Taine, la première auteure de l'étude parue dans The Lancet : « Après la publication des données de 2011, nous nous attendions à une évolution importante pour certaines classes thérapeutiques compte tenu des régulations mises en place ou des recommandations émises depuis 2011. Une diminution de 12 % de la fréquence de prescriptions d’antibiotiques sur les dix dernières années a été relevée dans notre étude, mais cela reste insuffisant car plus d’un enfant de moins de 6 ans sur deux a reçu une prescription d’antibiotique dans l’année ».
Analgésiques, antibiotiques, AINS, vitamine D, corticoïdes et antihistaminiques
Sur la période 2018-2019, les classes thérapeutiques les plus prescrites chez les enfants ont été les analgésiques (64 %), les antibiotiques (40 %), les corticoïdes par voie nasale (33 %), la vitamine D (30 %), les anti-inflammatoires non stéroïdiens (24%), les antihistaminiques (25%) et les corticoïdes par voie orale (21%).
À noter encore que 2 % des nourrissons de moins de 6 semaines ont reçu une prescription d’inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), et ce, « bien que la fréquence des affections pour lesquelles ce traitement est recommandé, est bien inférieur à cet âge », explique le Dr Marion Taine.
Au final, la France s'avère être un des pays les plus prescripteurs de médicaments en pédiatrie ambulatoire. « Ces résultats préoccupants nécessitent des analyses détaillées pour mieux cibler les futures campagnes de formation pour optimiser l’usage des médicaments en pédiatrie. Une meilleure information de la population et des prescripteurs vis-à-vis de l’usage des médicaments chez l’enfant est indispensable », conclut le Dr Marion Taine.
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