La piste d'une arme génétique contre l'antibiorésistance

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Publié le 15/04/2019
Antibiogramme

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Crédit photo : SCIENCE SOURCE/PHANIE

Un article publié dans Nature Biotechnology fait état des recherches sur un nouveau traitement sur lequel travaillent des équipes de l'Institut Pasteur, du CNRS et de l'Université polytechnique de Madrid, pour lutter contre l'antibiorésistance. Leurs travaux portent sur une arme génétique capable de cibler les bactéries résistantes sans tuer celles qui sont bonnes pour l'organisme.

« Le développement de ces approches ciblées est essentiel » pour lutter contre la résistance croissante des bactéries aux antibiotiques, a déclaré à l'AFP Didier Mazel, chercheur à l'Institut Pasteur.

Déséquilibre du microbiote

On sait que toute antibiothérapie s'attaque aux bactéries pathogènes, mais impacte aussi le microbiote intestinal. Cela entraîne un déséquilibre qui peut favoriser le développement de bactéries résistantes. Pour tenter d'empêcher ce phénomène, ces équipes française et espagnole ont développé une stratégie alternative.

Ces chercheurs ont créé une structure qu'ils comparent à une « grenade génétique », porteuse à la fois d'une charge explosive et d'une goupille de sécurité. Cette grenade véhicule une toxine qui n'est activée qu'en présence d'une molécule spécifique de la bactérie ciblée : cela permet de tuer les bactéries pathogènes sans s'attaquer aux bonnes bactéries de la flore intestinale.

Cette arme génétique est délivrée grâce à un mécanisme propre aux bactéries, qui s'échangent des gènes via un processus appelé « conjugaison ». Les chercheurs ont affiné leur arme pour qu'elle puisse cibler uniquement les souches de bactéries résistantes aux antibiotiques, porteuses de gènes particuliers.

Sur Vibrio cholerae

Le mécanisme a été testé sur Vibrio cholerae, qui a pour hôtes naturels certains poissons et crustacés. Les chercheurs ont ainsi réussi à tuer spécifiquement cette bactérie chez le poisson zèbre et des larves de crustacés.

« De plus, les vibrios regroupent un grand nombre d'espèces pathogènes pour l'homme (V. parahaemolyticus, V. vulnificus), mais aussi pour les animaux aquatiques, poissons, huîtres, crevettes, pour lesquels on pourrait appliquer facilement notre approche », détaille Didier Mazel pour l'AFP.

« Le système est en place et peut être facilement adapté à d'autres bactéries », poursuit le chercheur, selon qui « le vrai défi est maintenant d'améliorer le processus de délivrance » par conjugaison.


Source : lequotidiendumedecin.fr