Jusqu’à 12 milliards d’euros d’économies pourraient être réalisés par un dépistage précoce et une prise en charge adaptée des patients à risque de maladie rénale chronique (MRC). C'est le résultat d'une étude menée avec AstraZeneca qui, pour la première fois, a mesuré l’impact budgétaire sur les dépenses de santé à 10 ans de l’introduction des gliflozines en complément du traitement standard chez ces patients.
La maladie rénale chronique (MRC) touche près de 6 millions de patients en France, beaucoup plus que les patients diabétiques (3,5 millions) ou atteints de cancer (3,8 millions). La maladie progresse silencieusement pendant plusieurs années, la découverte se faisant parfois aux stades évolués. La moitié des patients ne seraient pas diagnostiqués.
En 2019, 92 000 patients étaient traités pour une insuffisance rénale chronique terminale (IRCT), pathologie la plus onéreuse pour l’Assurance-maladie. Le coût moyen d’un patient dialysé par an est de 78 492 euros.
L’étude a montré que l’introduction d’une gliflozine chez les patients atteints de MRC permet de ralentir la progression de la maladie : 67 000 dialyses et greffes évitées, 40 000 hospitalisations pour insuffisance cardiaque ainsi que 30 000 décès toutes causes évités. Pour le système de santé, 2 111 euros par patient et par an pourraient être économisés sur une période de dix ans, soit près de 12 milliards d’euros d’économie globale.
Le médecin généraliste et le dépistage
Le médecin généraliste joue un rôle important pour identifier les patients à risque (diabète, HTA, maladie auto-immune, affections urologiques, obésité, antécédents familiaux, maladie cardiovasculaire athéromateuse, insuffisance cardiaque) chez lesquels un dépistage annuel est recommandé. Deux tests sont alors à prescrire : la créatininémie et le rapport albuminurie/ créatininurie.
« La MRC est définie, indépendamment de sa cause, par la présence, pendant plus de trois mois, de marqueurs d’atteinte rénale et/ou d’une IRC (DFG estimé < 60 ml/min/1,73m²) », a rappelé le Dr Jean-Marie Boivin (CHRU Nancy). Les guidelines et les sociétés savantes recommandent les gliflozines comme traitement « standard of care » pour les patients ayant une IR, quelle que soit l’étiologie.
« Ces économies globales cumulées sont bien sûr dépendantes de la mise en place de politiques de santé publique pour améliorer le dépistage, le diagnostic et l’adoption des gliflozines par les prescripteurs pour traiter les patients atteints de MRC », a souligné Gérard de Pouvourville, professeur d'économie de la santé (Essec) et premier auteur de l’étude.
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