Un essai clinique de phase 2b a montré une bonne tolérance et des preuves d’efficacité de l’iscalimab par voie sous-cutanée dans le syndrome de Sjögren. Cette affection entraîne divers symptômes, majoritairement une sécheresse des muqueuses (oculaires, buccales, vaginales), une fatigue, des arthralgies et augmente le risque de lymphome. Elle ne connaît à ce jour pas de traitement.
Des équipes du service de rhumatologie de l'hôpital Bicêtre AP-HP, de l'Université Paris-Saclay, de l'Inserm et de l'Université de Birmingham ont participé à l’étude Twinss, randomisée contre placebo, conduite dans 23 pays sur 273 patients, promue par Novartis.
Le médicament évalué, l’iscalimab, est un anticorps monoclonal reconnaissant le marqueur CD40 indispensable pour l’activation des lymphocytes B. Les résultats obtenus dans deux cohortes (une d’évaluation de dose et une de preuve de concept) font état de l’efficacité et de la tolérance du traitement à 24 semaines. Ils sont publiés dans la revue The Lancet.
Une amélioration significative à 600 mg
La cohorte d’évaluation de dose était composée de 173 patients présentant à la fois une activité systémique modérée ou élevée (score Essdai [Eular Sjögren's Syndrome Disease Activity Index] de 5 ou plus) et des symptômes importants (score Esspri [Eular Sjögren’s Syndrome Patient Reported Index] de 5 ou plus). Les chercheurs ont étudié la relation dose-réponse de la molécule sur les changements du score Essdai initial pour une injection sous-cutanée de 150, 300 et 600 mg d’iscalimab ou un placebo.
Les trois doses d’iscalimab ont mené à une baisse du score Essdai, mais une amélioration statistiquement significative n’a été observée que pour 150 et 600 mg (respectivement : différence moyenne des moindres carrés [MC] = - 3,0 et - 2,9).
Dans la seconde cohorte, 100 patients présentant une activité systémique faible (Essdai inférieur à 5) mais des symptômes importants (Esspri de 5 ou plus) ont été randomisés entre le placebo et l’iscalimab à 600 mg. L’Esspri a montré une tendance vers l’amélioration des symptômes avec un changement de - 0,57 point du score. De plus, les débits salivaires stimulés et non stimulés se sont améliorés avec le médicament. Des effets indésirables sévères ont été rapportés chez 6 % des patients sous iscalimab et 2 % de ceux sous placebo.
Des protocoles cliniques de meilleure qualité
Cette étude démontre l’importance de la voie CD40/CD40 ligand dans le syndrome de Sjögren. Avec la démonstration de l’effet positif de l’iscalimab sur l’activité systémique et les symptômes, et sa bonne tolérance, des essais cliniques complémentaires devraient être entrepris pour confirmer le bénéfice clinique.
Dans un éditorial, les Drs Serena Colafrancesco et Roberta Priori expliquent que la force de cette étude est son protocole d’inclusion. Alors que la trentaine d’essais randomisés contre placebo menés avant 2020 n’a pas été fructueuse, les critères d’inclusion de patients ayant un syndrome de Sjögren sont aujourd’hui plus stricts. Seuls les patients ayant un score de 5 ou plus dans l’Essdai, des auto-anticorps positifs et une ancienneté plus courte du syndrome peuvent participer aux études cliniques. « Ce protocole sélectif améliore la validité interne de l’essai et a mené à des résultats encourageants dans des études preuves de concept », soulignent-elles.
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