Diagnostic

Téléconsultation vs présentiel : le match du JAMA

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Publié le 02/09/2022
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Selon une étude publiée dans le JAMA Open Network, les diagnostics portés en téléconsultation seraient le plus souvent concordants avec le verdict de la consultation classique. Avec toutefois des performances moindres en soins primaires

Crédit photo : BURGER/PHANIE

Dans quelle mesure un diagnostic posé en télémédecine est-il vraiment fiable par rapport au résultat d'une consultation en présentiel ? Une étude publiée dans le JAMA Open Network s’est penchée sur cette question et suggère que si dans la majorité des cas, les conclusions des deux modes de consultation se rejoignent, ce constat pourrait être un peu moins vrai en soins primaires.

Pour arriver à ces conclusions, les auteurs ont passé au crible les dossiers de près de 2 400 patients ayant bénéficié d'une consultation de télémédecine à la Mayo Clinic entre le 24 mars et le 24 juin 2020, puis d'une visite en présentiel dans les 90 jours, pour le même problème clinique et dans la même spécialité.

La durée de la consultation n'entre pas en ligne de compte

Résultat : dans 87 % des cas, le diagnostic initial porté à distance a été jugé concordant avec celui retenu ultérieurement, avec toutefois des disparités selon le profil des patients et les spécialités considérées. Ainsi, « l'âge du patient s'est avéré être négativement associé à la concordance diagnostique », celle-ci diminuant de 9 % pour chaque palier de 10 ans, indiquent les auteurs.

L’ancienneté du praticien ne semblait en revanche pas entrer en ligne de compte. De même, « la concordance diagnostique (entre téléconsultation et présentiel) ne variait pas significativement selon la durée des consultations, ou l’expérience antérieure du clinicien en matière de télémédecine », précise l'article.

A contrario, des différences significatives ont été rapportées selon les spécialités, celles pour lesquelles le diagnostic repose avant tout sur l’interrogatoire étant sans surprise moins sujettes à l’erreur. Ainsi la concordance diagnostique variait de 77,3 % (IC à 95 %, 64,9 % à 89,7 %) pour l'oto-rhino-laryngologie à 96,0 % (92,1 %-99,8 %) pour la psychiatrie.

Moins de concordance en soins primaires

Mais pour les auteurs « l’un des résultats les plus saillants de cette étude était l'écart observé entre les soins spécialisés et les soins primaires », ces derniers étant caractérisés par une concordance diagnostique entre télémédecine et consultation classique significativement plus faible (81,3 % vs 88,4 % en soins spécialisés ; OR 1,69 ; IC 95 %, 1,24-2,30 ; P < 0,001).

De plus, « dans certains cas identifiés dans notre programme de télémédecine de soins primaires, ont été observées une morbidité et une mortalité qui auraient pu être atténuées par une première visite en présentiel, analysent les auteurs, alors que ce constat n’a pas été relevé dans les pratiques spécialisées ».

Au total, « ces résultats suggèrent que les visites de télémédecine par vidéo à domicile peuvent être de bons compléments aux soins présentiels », estiment les auteurs. Pour les soins primaires, ils invitent toutefois à avoir l'orientation facile vers une consultation classique lors de la prise en charge de nouveaux patients ou de nouveaux problèmes, notamment « en cas de suspicion de maladies généralement confirmées par un examen physique, tests neurologiques, etc. ». 


Source : lequotidiendumedecin.fr