Changement climatique, le retard des hôpitaux à dresser leur bilan carbone

La première édition du Shift Project « décarboner la santé » en novembre 2021 (voir notre dossier publié sur ce sujet en mars 2022) avait contribué à accélérer la prise de conscience des soignants autour du changement climatique. Cette seconde édition (avril 2023) n'apporte pas de modifications majeures. Mais précise des données clés. En 2021, le rapport avait estimé que le secteur de la santé était responsable de plus de 8 % de l'empreinte carbone de la France. Aujourd'hui, au lieu d'un pourcentage brut, une fourchette est proposée, à savoir entre 6,6 % et 10 %. Ce nouveau chiffre n'annule pas bien sûr les recos déjà présentées, à savoir l'exigence de réduire les émissions de 5 % par an jusqu'à 2050. Face à ce défi, l'urgence est de former les personnels soignants, mais aussi de comprendre l'origine des émissions. « Ce secteur manque cruellement de connaissances sur ses émissions directes et indirectes de GES », écrivent les auteurs du rapport. Le Shift Project a ainsi recensé que seulement 40 % des établissements publics et moins de 15 % des établissements privés dressent un bilan bilan et l'envoient à l'Ademe. Au-delà de ce déficit, les premiers responsables des émissions indirectes de gaz à effet de serre (scope 3) sont représentés par les achats de médicaments, réactifs et dispositifs médicaux impliqués dans la moitié des émissions du secteur de la santé (51 %). Le poste des déplacements, non spécifique au secteur de la santé, occupe la seconde place (13 %). L'alimentation arrive en troisième position (11 %). Enfin, si l'on s'intéresse à la répartition des émissions selon les acteurs, les établissements hospitaliers (18 %) se placent bien devant la médecine de ville (11 %). Au regard de la situation, il y a bien urgence. Le Shift Project, à cet égard rappelle que la France n'a toujours pas ratifié l'engagement pour un système de santé plus sobre "Climate Smart Healthcare" signé par l'Allemagne et l'Angleterre.