Quelle est la situation en matière de développement durable dans les établissements de soins ?
J’ai été frappé de voir un grand foisonnement. Des hôpitaux sont très avancés, d’autres beaucoup moins. La situation est protéiforme et se traduit par une diversité des préoccupations et des initiatives. Des directions concentrent leur action sur une cible particulière, les déchets par exemple, la production d’énergie. Dans le même temps, les enjeux sont colossaux.
Les hôpitaux publics paraissent plus avancés que les cliniques.
L’initiative sur le développement durable a été lancée il y a une quinzaine d’années par un directeur de cliniques, Olivier Toma. Pour autant, l’hôpital public semble s’investir davantage aujourd’hui.
Le recrutement de conseillers par la DGOS renforcera-t-il la donne ?
Les rémunérations de ces 137 conseillers, un par GHT, avec des fiches de poste variées ne font pas rêver, de l’ordre de 2 500 euros brut pour un niveau bac +5, sans parler du risque de non-pérennité du financement de ces postes. Se pose la question de la place de ces personnes dans la hiérarchie hospitalière et des marges de manœuvre dont ils vont disposer. Enfin, ils devront assurer des tâches très variées depuis le reporting jusqu’au suivi des projets immobiliers actuellement très nombreux. Comment seront-ils accueillis ? À quelle direction vont-ils être rattachés ? Menons un parallèle. Quel serait l’impact du responsable qualité s’il n’y avait pas comme but la certification avec l’obtention de la meilleure note possible ? Là l’objectif est un peu plus flou. La réponse serait d’intégrer plus fortement qu’aujourd’hui des critères liés au développement durable dans le processus de certification. Cela s’appliquerait au secteur sanitaire et médico-social. On ne peut compter que sur la bonne volonté des uns et des autres alors que pointent des urgences, celles de recruter des soignants ou de gérer les conséquences de l’inflation par exemple. Certes des items liés au développement durable sont inclus dans la certification. Mais ils sont aujourd’hui marginaux. Nous démontrons dans notre étude que certaines actions sont compatibles avec une meilleure efficacité économique. D’autres génèrent un coût dans un premier temps. Ce qui soulève la question du financement. Or les problématiques liées au financement sont multiples. On manque à ce stade de réponses avec un niveau d’incertitude jamais observé.
Pourquoi ce niveau d’incertitude est-il nouveau ?
Les directeurs doivent régler les problèmes liés aux approvisionnements, aux consommations intermédiaires, aux ressources humaines, aux coûts salariaux. On est en train de changer de modèle tarifaire en abandonnant peu à peu la T2A et en optant pour d’autres modes de financement public. À l’exception de la chirurgie pour l’instant, toutes les autres spécialités sont percutées par la réforme tarifaire. Par ailleurs, les établissements de soins bénéficient d’une garantie de financement jusqu’au 30 juin. La T2A aura alors été mise entre parenthèses pendant deux ans. Que va-t-il se produire à cette date ? Les coûts salariaux et les coûts de l’énergie dérapent. Les coûts de construction ont grimpé de 15 à 20 %, ce qui ronge les subventions accordées dans le cadre du Ségur. Ces facteurs d’aggravation des coûts à court terme risquent de faire passer à la trappe les mesures liées à la transition écologique quand elles ne s’accompagnent pas d’économies rapides.
* Auteur pour des Echos Etudes de « Les établissements sanitaires et médico-sociaux face au défi du développement durable »
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