La 28e conférence de l'Organisation des Nations unies (ONU) sur le changement climatique (COP28) à Dubaï qui a consacré, pour la première fois, le 3 décembre, une journée entière à la santé ne s’est pas traduite par des annonces à la hauteur des enjeux. Seule avancée, 123 pays ont signé une déclaration commune reconnaissant « la nécessité pour les gouvernements de protéger les communautés et de préparer les systèmes de santé à affronter les impacts sanitaires liés au climat, tels que les chaleurs extrêmes, la pollution de l'air et les maladies infectieuses ».
Le changement climatique fait peser une menace multiforme et grandissante sur la santé, y compris mentale. La crise climatique est « une crise sanitaire (…) trop longtemps reléguée au second plan dans les discussions sur le climat », insiste Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
2023, l'année la plus chaude
Quelques semaines plus tôt, le 15 novembre, les 114 chercheurs et professionnels de santé, auteurs de la huitième édition du Lancet Countdown, taclaient l’inaction mondiale. Malgré les alertes passées sur « la mise en danger » de la santé des populations par la consommation d'énergies fossiles, « nous retrouvons cette année bien peu de signes de progrès », déplore la Dr Marina Romanello (Institut pour la santé mondiale, University College de Londres), première autrice du rapport.
L'année 2023 a été la plus chaude jamais observée en 100 000 ans, avec des records de température affectant en premier lieu les plus fragiles. Les décès liés à la chaleur ont augmenté de 85 % depuis la décennie 1990-2000 chez les plus de 65 ans et leur nombre va encore augmenter de 370 % d'ici à 2050, anticipent les experts.
La menace touche aussi la sécurité alimentaire. Depuis 2010, 127 millions d'humains supplémentaires y sont exposés. Ils seront 500 millions de plus si rien de concret n'est fait d'ici la moitié du siècle. « Ce sont les fondements mêmes de la santé humaine qui sont attaqués », s'alarme la Dr Romanello.
Nouvelles urgences sanitaires
La crise climatique augmente aussi la part de la population exposée aux arboviroses et au paludisme, avec des conditions de vie plus propices aux vecteurs. Dans le même temps, les ressources en eau potable se faisant plus rares, d'autres maladies infectieuses vont émerger.
Face à ces effets désastreux, les systèmes de santé pourraient se révéler incapables de répondre. Seulement 44 % des pays à faible revenus et 54 % de ceux à revenus intermédiaires rapportent avoir mis en place des réponses aux urgences sanitaires contre 85 % des pays à hauts revenus, alors même que ces derniers n'ont pas tenu leur engagement de verser 92 milliards d'euros chaque année.
Le monde « souffre déjà » des impacts négatifs du changement climatique sur la santé, soulignait le Dr Diarmid Campbell-Lendrum, de l’OMS lors d’un point presse en amont de la COP. Ces impacts pèsent « sur tous les déterminants de la santé », alerte-t-il. Les données sont pourtant claires sur « les bénéfices pour la santé liés à la transition énergétique », insiste la Dr Romanello. Les énergies renouvelables pourraient par exemple participer à la réduction de pollution liée à la combustion d’énergies fossiles (460 000 décès sont causés chaque année par la pollution aux microparticules).
Transition écologique dans les soins
Face à l’ampleur des défis, plus de 40 millions de professionnels de santé se sont joints à l'appel de l'OMS pour éliminer progressivement des combustibles fossiles et relever les « ambitions pour un avenir plus sain, plus juste et plus vert pour l'humanité ».
Sur le terrain, les acteurs de la santé se mobilisent depuis plusieurs années. En France, les sociétés savantes - entre autres la Société française d'anesthésie-réanimation (Sfar), la Société francophone de néphrologie, de dialyse et de transplantation (SFNDT) ou encore l'Association française des urologues (AFU) - ont monté des groupes de travail dédiés au développement durable ou à la transition/transformation écologique dans l’optique de limiter l’impact environnemental des pratiques en santé tout en maintenant une qualité et une sécurité des soins égales.
Pour les étudiants en médecine, un module sur la santé environnementale est désormais obligatoire dès la deuxième année de premier cycle dans toutes les facultés de France. Pour ces six heures de cours en format numérique, des experts de tous bords - médecine, biologie, écologie, urbanisme, hydrologie, paléontologie, ingénierie, sciences de gestion, sciences politiques – ont élaboré de courtes capsules vidéo (15 minutes) pour exposer une vision systémique reposant sur la compréhension des interconnexions entre santé et climat.
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