En France, le vaccin d’AstraZeneca suspendu… à la décision de l’EMA

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Publié le 15/03/2021

Crédit photo : GARO/PHANIE

La vérité d’un jour n’est pas celle du lendemain. Ce lundi, après une dizaine d’autres pays européens dont l’Allemagne et l’Italie, la France a, à son tour, décidé lundi de « suspendre par précaution » l’utilisation du vaccin AstraZeneca, en attendant un avis de l’autorité européenne du médicament (EMA) qui sera rendu mardi. Emmanuel Macron a annoncé cette décision lors d’une conférence de presse à Montauban et a dit « espérer reprendre vite » la vaccination avec ce vaccin « si l’avis de l’autorité européenne le permet ».

Jeudi dernier, Olivier Véran avait pourtant affirmé que la suspension du vaccin anti-Covid-19 d’AstraZeneca n’était pas d’actualité en France.

Principe de précaution extrême après des accidents thromboemboliques

Ces derniers jours, de nombreux pays européens ont fait le choix de suspendre purement et simplement tout recours au vaccin d’AstraZeneca. Depuis la semaine dernière, une vague de prudence déferle sur le Danemark, l’Islande, la Finlande, la Bulgarie, la Norvège – où de nouveaux cas d’accidents thromboemboliques, de thrombopénies et un AVC mortel ont été rapportés pendant le week-end – puis plus récemment sur les Pays-Bas, l’Irlande et l’Allemagne. L’inquiétude passe les frontières de l’UE puisque la Thaïlande, l’Indonésie et la République du Congo ont décidé de reporter leur campagne de vaccination.

La France a donc pris la décision de suspendre la vaccination avec AstraZeneca ce lundi alors que la pression devenait de plus en plus forte à mesure que le nombre de pays voisins prenaient la même décision. Ce lundi matin, les sapeurs-pompiers des Bouches-du-Rhône avaient fait savoir à l’AFP qu’ils suspendaient « par mesure de précaution » la vaccination de leur personnel à l’aide du vaccin d’AstraZeneca après un cas d’arythmie cardiaque ayant nécessité une hospitalisation.

Le laboratoire défend la sécurité de son vaccin

Dans ce contexte compliqué, AstraZeneca, qui rencontre par ailleurs des difficultés de production et peine à honorer ses engagements d’approvisionnement en vaccins, avait tenu dimanche à réaffirmer « la sécurité de son vaccin anti-Covid-19 sur la base de preuves scientifiques claires ». « Un examen attentif de toutes les données de sécurité disponibles de plus de 17 millions de personnes vaccinées dans l’Union européenne (UE) et au Royaume-Uni avec le vaccin COVID-19 AstraZeneca n’a montré aucune preuve d’un risque accru d’embolie pulmonaire, de thrombose veineuse profonde (TVP) ou de thrombocytopénie, dans tout groupe d’âge, sexe, lot ou dans tout pays en particulier », soulignait le laboratoire dans un communiqué.

D’après la firme, à la date du 8 mars, seules 15 thromboses veineuses profondes et 22 embolies pulmonaires auraient été signalées en Europe et au Royaume-Uni. « C’est beaucoup plus faible que ce à quoi on pourrait s’attendre naturellement dans une population générale de cette taille », affirmait AstraZeneca.

Une décision qui risque d’altérer la confiance dans ce vaccin

Même si elle s’avérait temporaire, cette suspension risque d’avoir des répercussions sur la confiance des Français dans ce vaccin (1 340 000 Français avaient reçu une dose d’AstraZeneca le 13 mars, selon les données du ministère de la Santé). Mais aussi de compliquer le travail des professionnels de santé. Les médecins ont d’ailleurs été nombreux à pointer les conséquences de la décision d’Emmanuel Macron, ce lundi après-midi.

Mise à jour à 19h : Ce lundi 15 mars en fin d’après-midi, l’EMA a indiqué poursuivre les investigations sur les événements thromboemboliques chez les personnes vaccinées, affirmant que « leur nombre ne semblait pas plus élevé que celui observé dans la population générale ». « Les experts examinent en détail toutes les données disponibles et les circonstances cliniques entourant des cas spécifiques pour déterminer si le vaccin a pu contribuer ou si l’événement est probablement dû à d’autres causes », explique l’EMA. Une réunion extraordinaire est prévue ce jeudi 18 mars pour conclure sur les informations recueillies et sur toute autre mesure qui pourrait être nécessaire. L’EMA reste d’avis que les avantages du vaccin AstraZeneca dans la prévention du Covid-19 l’emportent sur les risques d’effets secondaires.


Source : lequotidiendumedecin.fr