Après deux années de baisse exceptionnelle liée à l'épidémie de Covid-19, le nombre d'interruptions volontaires de grossesse (IVG) a augmenté en 2022, jusqu'à atteindre son plus haut niveau depuis 1990.
Selon ce travail de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) publié ce 27 septembre, 234 300 IVG ont été enregistrées en France en 2022. Ce sont 17 000 IVG de plus qu'en 2021, et 7 000 de plus qu'en 2019.
Le taux de recours à l’IVG dépasse le niveau de 2019 - à l'époque, le record depuis 30 ans - avec 16,2 IVG pour 1 000 femmes âgées de 15 à 49 ans (15,7 en métropole, et 30,7 dans les Drom). Il était de 15 ‰ en 2020 et 15,7 ‰ en 2019. L'indice conjoncturel d'avortement (le nombre moyen théorique d'IVG pour une femme tout au long de sa vie) est de 0,58 (versus 0,45 en 1990).
Des IVG tardives marginales
L’allongement de deux semaines (de 14 à 16 semaines d'aménorrhée) du délai légal, introduit par la loi de mars 2022, « ne suffit pas à expliquer cette augmentation », lit-on. Les IVG les plus tardives représentent « moins d’un cinquième du surplus observé par rapport à l’année 2021 », relève la Drees, sans pour autant avancer d'autres hypothèses explicatives. Ces avortements dans ces délais nouvellement autorisés représenteraient 1,5 % de l'ensemble des IVG, et se font à l'hôpital (où ils représentent 1,3 % à 2,3 % de toutes les IVG).
C’est parmi les femmes âgées de 20 à 29 ans que les IVG restent les plus fréquentes et augmentent le plus, avec un taux de recours de 26,9 ‰ entre 20 et 24 ans (+ 2,6 points par rapport à 2021) et 28,6 ‰ entre 25 et 29 ans (+2,2 points). L'amélioration de la précision des effectifs permet d'établir que 8 615 femmes (4 %) ont interrompu plusieurs grossesses.
Le taux de recours à l'IVG chez les mineurs reste stable par rapport à 2020 et 2021, et moindre qu'en 2019. En revanche, il remonte chez les moins de 25 ans, après une diminution depuis 2014.
Méthode médicamenteuse dans 80 % des cas
Si les tendances sont homogènes sur toute la France, les taux de recours varient du simple au double selon les régions. Il est de 12 ‰ dans les Pays de la Loire et de 22,5 ‰ en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Il atteint 48,7 ‰ en Guyane, où existe une méfiance à l'égard de la contraception. La Guadeloupe, la Martinique, et Mayotte concentrent plus d'IVG tardives (plus de 6,5 %).
Quant aux modalités pratiques, 78 % des IVG en 2022 sont réalisées avec la méthode médicamenteuse ; plus d'1 sur 3 (38 %) se font en dehors de l'hôpital, en ville, par des sages-femmes, généralistes ou gynécologues (pour plus de 80 200) et en centre (plus de 9 200).
Moins d'un millier d'avortements ont eu lieu à l'issue d'une téléconsultation.
Sérologie sans ordonnance, autotest : des outils efficaces pour améliorer le dépistage du VIH
Cancer colorectal chez les plus de 70 ans : quels bénéfices à une prise en charge gériatrique en périopératoire ?
Un traitement court de 6 ou 9 mois efficace contre la tuberculose multirésistante
Regret post-vasectomie : la vasovasostomie, une alternative à l’AMP