Après les sociétés savantes de pédiatrie, c’est Santé respiratoire France qui alerte sur l’inégal remboursement, entre la ville et l’hôpital, du nirsévimab (Beyfortus – Sanofi) en prévention de la bronchiolite chez les nourrissons. Dans une lettre ouverte, l’association dénonce un « deux poids, deux mesures ».
L’anticorps monoclonal nirsévimab fait partie d'une série de traitements novateurs qui visent à empêcher ou limiter l'infection par le virus respiratoire syncytial (VRS), principal responsable de la bronchiolite. Pour protéger les nourrissons, en alternative à une immunisation passive du nouveau-né par Beyfortus, le vaccin Abrysvo (Pfizer) peut être proposé aux femmes enceintes entre 32 et 36 semaines d'aménorrhée.
En maternité, le Beyfortus est administré sans avance de frais. En ville en revanche, le traitement n’est remboursé qu’à hauteur de 30 %, laissant aux familles un reste à charge de 281,26 euros, un montant qui « peut être dissuasif » pour celles qui ne bénéficient pas d’une complémentaire santé, juge l’association.
Une question « à la fois d’éthique et de santé publique »
Alors que des études cliniques ont confirmé le recul des hospitalisations liées au VRS et la réduction de la gravité des infections respiratoires obtenus par l’immunisation passive des nourrissons, « cette disparité dans le remboursement interroge », poursuit Santé respiratoire France, qui relève que la question est « à la fois d’éthique et de santé publique ».
La situation découle d'une évaluation de la Commission de la transparence de la Haute Autorité de santé (HAS) qualifiant l’amélioration du service médical rendu (ASMR) de « mineure ». La Commission maintient néanmoins les indications déjà retenues pour le remboursement : les nouveau-nés et nourrissons dans leur première année d’immunisation, ainsi que les enfants vulnérables jusqu’à 24 mois.
Pour le Dr Frédéric Le Guillou, président de Santé respiratoire France, il s’agit d’une « incohérence » qui « doit être corrigée », d’autant que la campagne d’immunisation menée l’an dernier a été un « véritable succès ». Le pneumologue rappelle les tensions sur le système hospitalier que peuvent provoquer les différentes infections respiratoires lors de la saison hivernale. Et de s’inquiéter : « Les leçons de l’hiver 2022 n’ont-elles pas été tirées ? »
Le pneumologue alerte également sur la vaccination des séniors. La HAS a émis, en juillet dernier, une recommandation en faveur de la vaccination des 75 ans et plus ou des plus de 65 ans vulnérables, mais « le remboursement n’est toujours pas d’actualité, les négociations tarifaires étant toujours en cours », déplore-t-il. Selon lui, « l’instabilité politique joue sur le manque de prise en charge et ce sont les patients qui en pâtissent ».
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