Vaccination anti-grippale : premières ruptures de stock en pharmacie

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Publié le 21/10/2020
Un homme se fait vacciner contre la grippe dans une pharmacie, en octobre 2020.

Un homme se fait vacciner contre la grippe dans une pharmacie, en octobre 2020.
Crédit photo : BURGER/PHANIE

Une semaine après le lancement de la campagne de vaccination anti-grippale 2020-2021, les pharmaciens alertent quant à de premières ruptures de stock de vaccin. D’après un sondage réalisé par l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) auprès de 4 000 officines, 60 % des pharmacies avaient déjà écoulé leur stock le 20 octobre. Des ruptures massives qui pourraient s’aggraver très rapidement : d’après Gilles Bonnefond, Président de l’USPO, en l’absence de nouvelles livraisons rapides « 92 % des pharmaciens seront en rupture avant la fin de la semaine ».

Suite à divers appels à la vaccination massive puis à l’initiation d’une campagne ciblant les publics habituels, doublée d’un important dispositif de communication visant à « approcher les 75 % de couverture vaccinale telle que préconisée par l’OMS », plus de 5 millions de doses auraient été délivrées par les pharmaciens en une semaine. Autrement dit, en 7 jours, les officinaux auraient écoulé un nombre de doses équivalent à près de la moitié des vaccins administrés l’hiver dernier « en plus d’un mois », indique le Vice-président de l’USPO, Pierre-Olivier Variot.

Une demande accrue venant de tous

En fait, alors que seuls les professionnels de santé et les sujets vulnérables aux complications de la grippe sont visés par la campagne, « tous types de patients », y compris des personnes hors cibles, se sont présentés en grand nombre dans les officines pour se faire vacciner, témoigne Pierre-Olivier Variot.

« La grande majorité des doses dispensées en pharmacie cette semaine sont cependant bien revenues à des patients munis de bons », c’est-à-dire ciblés par la campagne, rassure le pharmacien. Et d’après lui, ces personnes issues des populations cibles ne seraient pas seulement venues se faire vacciner plus tôt qu’auparavant, mais se seraient bien présentées en plus grand nombre que les années précédentes. 

D’après l’AFP, le Président de l’USPO se serait attaqué à l’utilisation par les entreprises de doses de vaccins sur des personnes hors cible, qu’il qualifie d’« énorme raté ». « Je m'étonne aujourd'hui d'entendre que des entreprises comme des assureurs, des collectivités, ont des vaccins et pratiquent des vaccinations par leur infirmière d'établissement ou par le médecin du travail », a-t-il indiqué. Afin de « protéger les personnes vulnérables », le ministère de la Santé recommande en effet d’inciter « les personnes ne présentant pas de risque particulier, qui souhaiteraient se faire vacciner, à différer leur vaccination à début décembre ».

Un problème de livraison

Mais ces ruptures de stock sont peut-être moins liées à une demande très accrue de vaccins qu’à un système de livraisons inadapté.

« Classiquement, lorsqu’on passe des commandes de vaccins anti-grippaux, on prévoit une livraison en deux ou trois fois pour éviter de saturer les frigos », explique Pierre-Olivier Variot. Or, ces commandes et ce mode de livraison échelonné ont été décidés dès le mois de février, alors qu’il était difficile de prévoir une augmentation aussi importante de la demande.

« Nous avons cependant demandé aux laboratoires d’accélérer les deuxièmes livraisons », qui auraient déjà été réalisées dans certaines officines, indique le pharmacien. Cependant, une seule structure étant habilitée à livrer pour les deux fournisseurs de vaccins, Sanofi et Mylan, les 22 000 pharmacies françaises, la marge de manœuvre apparaît étroite.

Suffisamment de doses seront-elles effectivement livrées ?

« Finalement, la question est aussi de savoir si on disposera bien des 2 millions de doses supplémentaires commandées par l’État et des 20 % de vaccins de plus produits par les laboratoires cette année », s’inquiète le Vice-Président de l’USPO.

Pour sécuriser l’approvisionnement des officines, « en complément, l’État a pour la première fois procédé à la commande de doses supplémentaires dans le cadre d’un stock d'État (2,5 millions de doses) », expliquait le ministère de la Santé au Généraliste le 25 septembre. En tout, plus de 15 millions de doses auraient été commandées, dont 1 à 2 millions qui « arriveront sur le marché en décembre », indique l’AFP.


Source : lequotidiendumedecin.fr