Tester, alerter, protéger. Voilà plusieurs mois que la stratégie adoptée par le gouvernement induit la réalisation de très nombreux tests de détection du SARS-CoV-2 – plus de 3,5 millions en semaine 13, du 29 mars au 4 avril. Mais la « banalisation » des prélèvements nasopharyngés, préalable aux tests de RT-PCR et antigéniques inquiète l’Académie nationale de médecine. D’après un communiqué publié hier soir, le risque lésionnel associé à ce type de prélèvements apparaît en effet bien réel.
De fait, si la plupart des complications engendrées par l’écouvillonnage nasal s’avèrent bénignes, à l’instar de douleurs, de saignements, voire simplement de « désagrément », la société savante rapporte des séquelles plus sévères. « De graves complications commencent à être décrites dans la littérature médicale depuis quelques semaines », souligne l’Académie. Ainsi cite-t-elle des brèches de l’étage antérieur de la base du crâne induisant des fuites de liquide céphalo-rachidien – et nécessitant une réparation chirurgicale endoscopique – voire des méningites.
Un risque que la Présidente de la HAS appelle toutefois à relativiser. « Il y a [à ce jour] eu extrêmement peu d'incidents », rassurait ce matin le Pr Dominique Le Guludec, interrogée sur le sujet lors d'une conférence de presse.
Former les préleveurs
Quoi qu'il en soit, l’Académie recommande non seulement de privilégier chez l’enfant les prélèvements salivaires, plus sûrs et mieux acceptés, mais surtout de « réserver la pratique des prélèvements nasopharyngés aux professionnels de santé formés pour la réalisation de ce geste dans des conditions techniques rigoureuses ».
La société savante rappelle également que les éventuels antécédents accidentels ou chirurgicaux de la sphère ORL doivent être systématiquement recueillis avant tout écouvillonnage, et que celui-ci doit être réalisé tête maintenue en position naturelle (et non en hyper-extension), en « suivant horizontalement le plancher de la cavité nasale » et « en aucun cas vers le haut, en direction de la base du crâne ». « Depuis le début, on sait que les prélèvements sont traumatiques si on les réalise trop brutalement », admet par ailleurs la HAS.
Le problème des auto-tests
Le problème pourrait se corser, avec l’arrivée annoncée pour le 12 avril, des auto-tests – qui excluent, par définition, l’intervention de personnels formés ainsi qu’un cadre de prélèvement « rigoureux ».
Dans ces conditions, l’Académie recommande au moins d’attirer l’attention des futurs utilisateurs sur la nécessité certes de ne pas réaliser un écouvillonnage « trop timide et superficiel » (associé à des faux négatifs), mais aussi de ne pas pratiquer un prélèvement potentiellement « trop profond et dirigé dans la mauvaise direction », qu'elle qualifie de « dangereux ».
Sérologie sans ordonnance, autotest : des outils efficaces pour améliorer le dépistage du VIH
Cancer colorectal chez les plus de 70 ans : quels bénéfices à une prise en charge gériatrique en périopératoire ?
Un traitement court de 6 ou 9 mois efficace contre la tuberculose multirésistante
Regret post-vasectomie : la vasovasostomie, une alternative à l’AMP