Le second volet d’une étude médico-économique de grande ampleur dirigée par l’INCa sur la généralisation du dépistage du cancer du col de l’utérus vient de paraître. Celle-ci visait à estimer l’efficacité de différentes stratégies de dépistage organisé afin de permettre son déploiement à court et moyen terme. L’ensemble des travaux montre certes l’intérêt d'instaurer un système avec invitation et relance des femmes non participantes ce qui améliorerait leur couverture et permettrait de réduire l’incidence et la mortalité en lien avec ce cancer. Mais la grande nouveauté reste que, suite à ces résultats, l'INCa recommande à terme de mettre en place le test HPV en prévention primaire.
En France, le dépistage de ce type de cancer est encore largement individuel
Pour l’instant, le taux de recours au dépistage est de près de 60 % et demeure marqué par des inégalités sociales conséquentes. Par ailleurs, ce cancer reste l’un des seuls pour lequel le pronostic se dégrade avec un taux de survie à 5 ans après le diagnostic en baisse. Or, une expérimentation menée sur 13 départements et analysée par Santé public France en 2016 avait suggéré une hausse de 12 % grâce au dépistage organisé.
Ainsi, l’INCa a fait de sa généralisation un objectif prioritaire du Plan cancer 2014-2019 afin de diminuer l’incidence et la mortalité de 30 % à 10 ans. En lien avec le ministère de la Santé, l’Institut a élaboré un cahier des charges sur l’instauration d’un programme national de dépistage dont la version définitive devrait paraître en 2017. D’ici là un comité technique et de prospective a été créé et de vastes travaux médico-économiques en 2 phases ont eu lieu pour permettre la mise en place de la meilleure stratégie possible.
L’étude montre l’intérêt d’un programme national de dépistage
Le premier volet de cette étude a permis d’identifier les diverses options envisageables du programme. Elle a aussi mis en lumière les caractéristiques des inégalités d’accès au dépistage (femmes bénéficiaires de la CMUc, ou souffrant de pathologies chroniques réalisent moins le dépistage). Ce second volet qui vient de paraître avait pour fonction d’évaluer l’efficience des différentes stratégies possibles. Cette analyse se fondait sur un modèle de micro-simulation qui reproduisait l’évolution naturelle de l’infection au HPV et les programmes de dépistage envisageables.
Apparemment, le déploiement d’un programme national avec invitation et relance des femmes non spontanément participantes constitue une amélioration en termes de cancers évités, de survie et de survie ajustée par la qualité de vie. Les conclusions démontrent que son instauration permettra d’atteindre les objectifs du Plan Cancer. D’après les résultats, organiser un suivi des femmes dépistées positives par des structures de gestion s'avérerait efficace. En outre, un recours au prélèvement par frottis incluant de possibles modalités complémentaires (notamment les autoprélèvements avec test HPV) offre aussi un gain d’efficacité.
Test HPV en dépistage primaire ?
Une des stratégies jugées comme la plus efficace serait le passage de ce test en dépistage primaire (des femmes à partir de 35 ans). En effet, dans le cadre d’un dépistage basé sur un test HPV, l’espacement des intervalles de dépistage pourrait réduire les coûts de manière substantielle pour une efficacité similaire (tous les 10 ans) voir supérieure (tous les 5 ans) par rapport aux stratégies fondées sur les frottis. De même, un système qui recommande un test HPV tous les 5 ans de 35 à 65 ans pourrait faciliter la diversification des préleveurs et augmenter la participation des femmes.
Néanmoins, ce passage à ce type de test de dépistage primaire ne peut pas être mis en place en France dans l’immédiat en raison des fortes contraintes de calendrier. De même, cela nécessite une certaine organisation : l’élaboration et la publication de bonnes pratique professionnelles, négociation sur la tarification, évaluation des risques associés comme celui de surtraitement.
Les conclusions de l'INCa
Face à ces constats, l’INCa préconise que ce programme national de dépistage soit mis en œuvre en créant les conditions de passage à terme vers le test HPV en prévention primaire. À court terme, il est important de tenir compte des diverses stratégies de dépistage basées sur les frottis. Il faut, en cas de ressources limitées inviter et relancer les femmes bénéficiaires du CMUc qui restent peu participantes au dépistage puis étendre cette pratique à l’ensemble des femmes qui ne participent pas spontanément. L’institut propose aussi d’envoyer des kits d’autoprélèvement vaginal qui vont permettre la recherche d’Adn HPV chez les femmes particulièrement réfractaires.
Enfin, l’Inca recommande que le programme établi soit évalué afin d’intégrer progressivement les innovations technologiques. Ces évaluations auront également pour but d’avoir une plus grande visibilité sur les différentes problématiques ainsi que sur les coûts de production.
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