Solliciter un deuxième avis médical sur internet, uniquement sur dossier, à un tarif plutôt élevé : l'initiative avait fait hurler une partie de la profession en 2015, lors du lancement du site deuxiemeavis.fr. La plateforme – approuvée par la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) – avait déclenché une pluie de critiques, avec en ligne de mire le coût du deuxième avis, soit 295 euros dont 120 pour le médecin expert. L'Ordre s'était ému que la plateforme ne respecte par le parcours de soins et qu'elle pousse à une ubérisation de la médecine.
Mais sept ans plus tard, près de 300 avis médicaux transitent chaque mois sur la plateforme française. « La pratique est déjà courante entre médecins spécialistes, pourquoi attendre quatre mois le temps du délai de rendez-vous pour avoir un deuxième avis ? », défend Pauline d’Orgeval, cofondatrice et présidente de deuxiemeavis.fr.
Le patient, muni d'un courrier d’adressage, remplit son dossier en ligne, enrichi le cas échéant d’imagerie ou de comptes rendus opératoires. De l’autre côté de l’écran, quelque 250 praticiens « experts » référencés analysent chaque cas et fournissent un second avis au patient et à son médecin traitant (ou équipe médicale traitante). « Nous avons référencé plus de 650 pathologies, un médecin référent va analyser le dossier et rendre un avis écrit en moins de 7 jours », avance Pauline d’Orgeval. Objectif revendiqué : réassurer patients et médecins face à des décisions médicales difficiles.
Endométriose en tête
En 2021, plus d’un tiers des demandes des patients concernaient une pathologie gynécologique, endométriose en tête. « L’endométriose est un cas d’école, souvent les gynécologues adressent les patients vers notre site pour qu’un expert puisse interpréter les images, car il y a un manque de praticiens référents sur le territoire, analyse Pauline d’Orgeval. Nous diminuons l’errance médicale ».
22 % des sollicitations concernent une pathologie orthopédique ou rhumatologique – particulièrement des requêtes sur les hernies discales lombaires – 12 % de l’oncologie, cancer du sein et de la prostate en tête. « Le deuxième avis permet souvent d’aborder plus sereinement une opération ou d’accéder à un traitement plus innovant ou moins invasif lorsque l’on est éloigné des grandes villes », assure la cofondatrice du site. Dans 75 % des cas, l’avis du médecin expert converge avec celui du premier spécialiste.
Rémunérés 120 euros par avis rendu, les experts – libéraux et hospitaliers – s’engagent à ne pas faire de captation de patientèle. « C’est un avis neutre, une aide à la décision médicale », certifie Pauline d’Orgeval. Côté patients, le service peut être pris en charge par les contrats santé ou prévoyance qui ouvrent ce droit. « Nous avons également des partenariats avec des associations de patients qui peuvent aider à la prise en charge », avance la présidente de deuxiemeavis.fr. En décembre 2021, la start-up a reçu le soutien et la « certification » de la Maison de l’innovation de la médecine spécialisée (Mims), label e-santé créé par la CSMF.
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