Jeux et robots thérapeutiques pour les patients Alzheimer

Des solutions high-tech à l’épreuve du terrain

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Publié le 06/06/2017
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ESANTE

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Crédit photo : DR

S’ils relèvent encore de l’avant-garde du fait de leur coût important, les robots pourraient à l’avenir épauler efficacement professionnels et aidants, dans le cadre d’une prise en charge d’un patient Alzheimer.

« Certains ressemblent à des animaux, comme le "robot phoque" ou le "robot chat". À l’inverse, Il y a des robots humanoïdes dont la structure du visage et du corps ressemble davantage à un sujet humain. D’autres sont plus proches de machines », évoque Maribel Pino, chercheuse en psychologie/ergonomie cognitive (EPHE) au Laboratoire LUSAGE. Implanté au sein de l’hôpital Broca (AP-HP), ce living lab est spécialisé dans le développement d'outils technologiques à destination des personnes âgées souffrant de troubles cognitifs. Enrichis de programmes spécifiques, ces robots sont utilisables aussi bien pour la stimulation physique, mais également pour leurs capacités d’interaction sociale. « Ils ont un fort potentiel pour aider les professionnels à mettre en place des thérapies cognitives, voire d’autres types de thérapies », indique-t-elle.

Un secteur en expansion

Derrière son allure de phoque en peluche, le robot Paro est là pour aider la personne à acquérir les stratégies susceptibles d’optimiser le fonctionnement cognitif. Le laboratoire Lusage étudie également les possibilités du robot humanoïde Nao en vue de son intégration dans le cadre d’une thérapie psychomotrice. Plus de 100 expérimentations robotiques sociales sont actuellement menées en France dans le champ de la gériatrie. « C’est un domaine qui se développe largement, même s’il reste encore beaucoup de choses à faire sur de nombreux sujets, comme l’utilisation réglementaire et éthique, l’analyse et le recensement des bonnes pratiques professionnelles ou l’identification des profils de patients les mieux adaptés » à ces technologies, résume-t-elle.

Activités à domicile

Dans un autre registre, les nouvelles technologies revisitent depuis quelque temps déjà les jeux thérapeutiques, à l’image d’« X-Torp », développé par la société Genious et spécifiquement dédié aux malades atteints d’Alzheimer. Ce jeu vidéo de bataille navale a fait l’objet d’une étude coordonnée par le Pr Robert (CHU Nice) publiée dans la revue « Journal of Alzheimer’s disease ». Réalisée sur 18 patients, elle met en avant l’intérêt du programme sur la réduction de l’apathie et un impact positif sur la motricité, la cognition, la mémoire et les comportements. Une nouvelle étude de plus large ampleur est actuellement menée auprès de 120 personnes, toujours sous la houlette du Pr Robert. Encore à l’état de prototype, Happy Visio est un site internet qui a fait de la lutte contre l’isolement des seniors sa priorité. « Sur le modèle de Skype, nous avons développé un système de visioconférence de qualité professionnelle qui permet de communiquer à plusieurs », expose Benjamin Raspail, fondateur de la start-up Happy Visio. « Concrètement, pour les personnes qui ne peuvent pas sortir de chez elles et qui ont peu de contacts, nous leur apportons, à domicile, l’opportunité de participer à des activités et d’échanger entre elles », poursuit-il. Après la preuve de concept, l’objectif est de proposer une offre de contenus variés sous forme de conférences interactives. Une autre manière de lutter efficacement contre les déclins cognitifs.

David Bilhaut

Source : Le Quotidien du médecin: 9586