« #DocTocToc 3 ans. Non vacciné ROR. Éruption depuis ce matin. Pas de prurit Rhinite. Toux. 38°. J'ai une idée et vous ? » L’appel est lancé sur Twitter par le Dr Jean-Jacques Fraslin (@Fraslin), un soir vers 19h45. Deux photos, montrant un gamin couvert de boutons, accompagnent le message.
Dans les minutes et les heures qui suivent, plusieurs médecins répondent à leur confrère, sur Twitter également. « Rubéole », « rougeole »... « syndrome de Gianotti-Crosti ». Chacun donne son avis, y va de son diagnostic et fait part de son expérience.
Cette pratique d’entraide est devenue un réflexe pour de nombreux professionnels de santé fréquentant le réseau Twitter. Leur signe de ralliement : le mot clef (hashtag) #DocTocToc qui figure dans les tweets. Tous les jours ou presque, des appels à contributions sont ainsi lancés. Les cas de dermatologie, agrémentés d'une ou de plusieurs photos, les analyses d'ECG ou de radio, sont particulièrement prisés.
Le dialogue est très rapide, plus que par mail, grâce à une communauté médicale très réactive et la population touchée très large, incluant des médecins, généralistes et spécialistes, mais aussi d'autres professionnels de santé, pharmaciens, dentistes, kinés...
« Jusqu’à récemment, il n’y avait pas vraiment d’outil adapté à ce type d’échanges médicaux entre confrères en France, raconte le Dr Fraslin, généraliste installé dans la banlieue de Nantes et féru de nouvelles technologies. On a trouvé un moyen de le faire sur Twitter. »
Le médecin l’a intégré dans sa pratique en prenant soin de respecter le secret médical et d’anonymiser les clichés mis en ligne. « Lorsque j’ai un doute sur un cas ou que je souhaite avoir un avis, il m’arrive de lancer un appel en pleine consultation. Je demande au patient si je peux prendre une photo et j’envoie le message. Parfois, j’ai des réponses dans le quart d’heure qui suit. »
« Une petite révolution »
#DocToctoc ne date pas d’hier. Sa création remonterait à juin 2012. C'est un autre twittos, @DrKoibo, qui aurait imaginé ce hashtag.
@DocArnica été séduite dès le début. Ce médecin, adepte de Twitter, raconte dans un billet publié en ligne tout le bénéfice qu’elle en tire. « J'avoue que ce truc a été une petite révolution tant il est génial dans notre pratique », s’enthousiasme-t-elle. « Les questions peuvent être d'ordre diagnostiques, mais aussi administratives ou médico-légales. Tout y passe », détaille @DocArnica qui associe #DocTocToc à « un petit brainstorming interne ».
Le système a ses limites, rappelle le Dr Fraslin, « ce n’est pas facile de suivre des conversations de 140 signes ». Mais l’intérêt est là, également pour les étudiants en médecine, qui profitent de l’expérience de leurs aînés. « On leur montre des cas concrets, des choses qu’on ne voit pas forcément à la fac. Ils participent et on essaie de leur répondre, même quand ils se trompent. Ils nous arrivent aussi de lancer des quiz », poursuit le généraliste.
Pour le Dr Fraslin, #DocTocToc joue un autre rôle, très important : « Beaucoup de médecins sont isolés. Twitter permet de garder contact avec la communauté médicale, de créer un lien social. » Le généraliste avoue que les réseaux sociaux dédiés aux professionnels de santé ne le satisfont pas pleinement. Trop peu d’activités, pas assez de services... L’arrivée de nouvelles applications de partage de photos médicales comme Figure 1 ou MedPics vont peut-être (un peu) changer la donne.
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