2 000 euros la fake news. En mai dernier, une poignée d’influenceurs français - actifs dans le domaine de la santé - avait été contactée par une mystérieuse agence de communication anglaise, qui, moyennant finance, leur proposait de dénigrer la sécurité du vaccin Pfizer. « C'est étrange. J'ai reçu une proposition de partenariat qui consiste à déglinguer le vaccin Pfizer en vidéo. Budget colossal, client qui veut rester incognito et il faut cacher la sponso », avait alors indiqué Léo Grasset, vulgarisateur scientifique aux 1,2 million d’abonnés sur Youtube.
Dans la foulée, deux autres influenceurs ont affirmé avoir reçu la même proposition, dont « Et ça se dit Médecin », interne à Marseille, 93 000 d’abonnés sur Instagram. L'interne s’était pour sa part vu proposer « 2 000 € la story pour décrédibiliser le vaccin Pfizer ». Le Youtubeur était également invité à susciter le questionnement de son audience, avec une rhétorique toute trouvée : « Pourquoi certains gouvernements continuent activement la vaccination Pfizer qui est dangereuse pour la santé ? » Le mail fournissait documents et arguments « scientifiques » clé en main.
Manque de subtilité
La médiatisation de cette opération de communication a précipité la détection de la source de désinformation. Et c’est bien la piste russe, rapidement évoquée, qui était derrière l’obscure agence de communication londonienne.
Le 10 août, Facebook a ainsi démantelé l'opération russe qui cherchait à discréditer les vaccins AstraZeneca et Pfizer/BioNTech, y compris en cherchant à faire croire que le premier « transformait les personnes vaccinées en chimpanzés ». « La désinformation n'est pas toujours subtile », a noté ironiquement Ben Nimmo, directeur d'un des services de cybersécurité de Facebook, lors d'une conférence de presse mardi.
« C'est tombé à plat »
« Cette campagne fonctionnait comme une laverie automatique », a expliqué le géant des réseaux sociaux. Le cabinet de communication, Fazze, était chargé de diffuser le plus largement possible des articles trompeurs et pétitions sur différents forums et réseaux (dont Change.org, Facebook, Instagram…), via des faux profils mais aussi des influenceurs. Au final, la plupart des contenus postés sur Instagram - ciblant principalement l'Inde et l'Amérique latine - n'ont reçu « aucun like », a précisé Facebook. « C'est tombé à plat », a souligné Ben Nimmo.
L'agence Fazze est désormais bannie de la plateforme. « C'était une campagne bâclée, mais le procédé était sophistiqué », a détaillé Nathaniel Gleicher, le directeur des règlements sur la sécurité de Facebook. « Il y avait du spam, des influenceurs, du piratage de documents. (...) Donc c'est plus difficile pour une seule plateforme d'appréhender ce genre de campagne dans son entièreté », a-t-il ajouté, appelant toute la société civile à se mobiliser aux côtés des réseaux en première ligne.
Facebook est régulièrement accusé de laisser circuler des fausses informations sur sa plateforme. Le président des États-Unis, Joe Biden, avait même estimé que ces réseaux sociaux « tuaient » des gens en laissant circuler de fausses informations sur la vaccination contre le Covid.
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