Dans l’insuffisance cardiaque, malgré des progrès thérapeutiques indéniables, la morbi-mortalité est importante et le recours à des hospitalisations en urgence et à des ré-hospitalisations fréquentes grève la qualité de vie des patients (1). Certaines hospitalisations pourraient être évitées grâce à une meilleure appropriation de la maladie par le patient et à un meilleur suivi (2).
Or, un décret du 19 octobre 2010 précise que la télésurveillance est un des 5 actes reconnus en France comme relevant de la télémédecine. Le suivi de données à distances permet d'agir directement sur la prise en charge du patient. Il s’agit ainsi d’un acte médical à part entière.
La loi de financement de la sécurité sociale de 2014 a permis de mettre en œuvre une expérimentation à grande échelle de la téléconsultation, de la télé-expertise et de la télésurveillance dans 9 régions pilotes. L’objectif de ces expérimentations était de préciser la tarification des actes de télémédecine, en déterminant les patients à risque d'hospitalisations récurrentes ou de complications. Il était également de parvenir à un état de stabilité de la maladie, voire d'amélioration, mais aussi d’améliorer la qualité des soins et leur efficience et d’offrir une meilleure qualité de vie aux patients.
Une expérience large
En 2016, ces expérimentations, connues sous le nom d'ETAPES (pour expérimentations de télémédecine pour l'amélioration du parcours en santé) ont été élargies à l'ensemble du territoire national. La loi de financement sur la Sécurité sociale 2 018 a prolongé de 4 ans les expérimentations de télésurveillance d'ETAPES. Tout au long de l'année 2017, les cahiers des charges encadrant cette nouvelle pratique ont été publiés. Ils précisent le rôle du médecin, de l'éducateur thérapeutique, du fournisseur de solution ainsi que les modes de financement.
Dans leur revue sur le suivi par téléphone des patients IC, Inglis et coll. ont montré que la télémédecine s’accompagne d’une réduction significative de 34 % de la mortalité globale (p < 0,0001). Une réduction du nombre des réhospitalisations de 20 %, a également été mise en évidence, ainsi qu’une amélioration de la qualité de vie des patients (3). Dans leur méta-analyse, S. Anker et coll. ont montré que la télésurveillance s’accompagne d’une réduction significative de la mortalité globale, des admissions à l’hôpital quelle qu’en soit la cause, et des hospitalisations liées à l’insuffisance cardiaque chronique (4).
La télésurveillance doit être effectuée par un cardiologue au moyen d'une solution technique certifiée, l’accompagnement thérapeutique du patient par un professionnel de santé formé en ce sens.
Un patient peut être inclus dans le programme ETAPES TLS par son médecin traitant, le gériatre ou le cardiologue en cas d’hospitalisation au cours des 30 derniers jours pour une poussée d'insuffisance cardiaque, ou dans les 12 derniers mois avec persistance d'une symptomatologie et d'un taux de BNP > 100 pg/ml ou de NT-proBNP > 1 000 pg/ml. Les critères d'exclusion pourraient limiter son adhésion au programme (absence de domicile fixe, refus, compliance faible, espérance de vie courte).
1. E. Andrès et al., Med. Mal. Metab., 12(2), 224, 2018
2. S. D. Anker et al., The Lancet, 378, 731, 2011
3. S. C. Inglis et al., Cochrane Database Syst. Rev., (10): CD007228, 2015
4. S. D. Anker et al., The Lancet, 378, 731, 2011
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