Malgré les appels du pied des territoires ruraux – et la volonté politique de positionner la téléconsultation comme rempart à la désertification médicale – le constat demeure : les consultations en visio sont réalisées essentiellement dans les grandes villes, auprès de jeunes urbains, et non pas dans les zones fragiles. Une conclusion déjà avancée par plusieurs études récentes, dont celle de la direction statistique du ministère de la Santé (Drees) en décembre, qui démontrait que sept téléconsultations sur dix étaient réalisées dans les pôles urbains.
En 2022, la société bretonne de télémédecine Medaviz persiste en signe. Sur les 10 000 professionnels de santé ayant réalisé une téléconsultation – ou un télésoin pour les paramédicaux – via la plateforme, ces actes avaient lieu « de manière éparse en zones rurales ».
Usages : la moitié de généralistes
La société dresse un portrait type du patient « téléconsulteur » : jeune, citadin mais aussi plus féminin. En 2022, 63 % des utilisateurs de la plateforme étaient des femmes. Aux deux extrêmes de la pyramide des âges, la téléconsultation se fait rare : 5 % à peine des patients avaient plus de 70 ans et la proportion de jeunes enfants est aussi en diminution. « En baisse depuis 2020, la part des téléconsultations pour les moins de 15 ans est divisée par deux et représente seulement 4,3 % en 2022 », indique Medaviz.
Quant aux praticiens utilisateurs, ils sont eux aussi plus jeunes, un tiers de ceux qui téléconsultent ayant entre 35 et 44 ans. « Toujours en tête des usages » des consultations à distance (48 %), les omnipraticiens ont toutefois légèrement délaissé la pratique en 2022 (-2 points), confortant une tendance observée en 2021. Selon une analyse menée par « Le Quotidien » avec le Health Data Hub cet été, plus de 36 700 généralistes avaient réalisé au moins une téléconsultation en 2021, soit 16 % de moins qu'en 2020, au plus fort de la pandémie. Côté spécialistes, la médaille d'argent de l'usage de la téléconsultation revient aux anesthésistes, avec 7 % des actes à distance réalisés sur Medaviz. « Les chirurgiens sont remplacés par les psychologues et les psychiatres à la troisième place », suivis des dermatologues et des cardiologues.
Quant à la facturation moyenne de ces actes à distance, les psychiatres arrivent en tête avec un tarif moyen à 59 euros, juste derrière les neurologues (54 euros, en baisse de 8 euros sur un an) ou les endocrinologues (52 euros). Généralistes et sages-femmes affichent une facturation moyenne respective de 26 et 23 euros.
Dépannage
Les chiffres de la plateforme confortent une pratique ponctuelle de la visio. Dans leur immense majorité – 8 cas sur 10 – les malades ne réalisent qu’une seule téléconsultation par an. Et « seulement 6 % des patients ont bénéficié d’au moins quatre rendez-vous en téléconsultation ou en télésoin » dans l'année, confirme Medaviz. Le suivi régulier de patients chroniques à distance est donc loin d'entrer dans les habitudes.
Symétriquement, une part significative de praticiens ne suivent encore que très peu de malades à distance. Quatre médecins sur dix ont ainsi reçu moins de dix patients en visio dans l’année. Mais un tiers suivent tout de même plus de 50 patients en téléconsultation. « Le numérique doit rester, une passerelle vers la médecine physique », analyse le Dr Nicolas Camus, directeur médical de Medaviz.
Le recours de dépannage est plébiscité lorsque les patients « n'ont pas pu joindre un praticien le week-end », précise l'entreprise. Ainsi 43 % des actes à distance sont réalisés en début de semaine, le lundi et le mardi. Des consultations plutôt rapides : en moyenne de 10 minutes pour un généraliste, 24 minutes pour les psychiatres. Enfin, les trois quarts des documents échangés via les outils sécurisés de télésanté émanent des professionnels eux-mêmes, avec une augmentation de 8,7 % du nombre d’ordonnances et résultats d’examens sur un an.
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