Tribune

Le nouveau monde de la santé numérique

Publié le 03/12/2018

L’industrie de la santé fait actuellement face à une véritable explosion de données. Selon les conclusions de l’enquête Healthcare’s Data Dilemmapubliée récemment par IBM, d’ici 2020, le volume de données médicales se verra multiplié par deux tous les 73 jours (au lieu de tous les 3 ans aujourd’hui). Cette prolifération annoncée inquiète le secteur, qui a déjà du mal à suivre le rythme actuel. Pourtant, cette évolution représente également une source d’opportunités exceptionnelles.

Conscientes du rôle crucial de la transformation numérique dans la réussite à long terme de leurs activités, les organismes de santé choisissent de plus en plus de s’associer à des partenaires pour accélérer l’analyse de leurs données. Ces dernières deviennent en effet essentielles, aussi bien pour l’établissement de diagnostics que pour le développement d’innovations, de médicaments ou de traitements. L’intelligence artificielle (IA) devrait d’ailleurs jouer un rôle clé dans ces processus. Ainsi, les accessoires connectés dédiés au secteur de la santé et destinés au grand public transforment d’ores et déjà la relation entre médecins et patients en générant des données précieuses pouvant être utilisées pour parvenir à de meilleures analyses et diagnostics.

L’essor des applications de santé

Les modes de communication sont également en pleine transformation dans le secteur : des applications de santé permettent aujourd’hui aux patients de communiquer directement avec des médecins via leurs smartphones. Les professionnels peuvent ainsi établir des diagnostics en s’appuyant là encore sur une intelligence artificielle, et les patients ont la possibilité de les contacter en direct en vidéo, et ce 24 h/24. Ce service fait l’objet d’une popularité croissante au sein des généralistes affiliés au NHS (l’équivalent britannique de notre Assurance Maladie) dans l’ensemble du pays, et pourrait complètement changer la nature de la médecine, ainsi que la relation entre patients et médecins.

Pour les distributeurs, il s’agit désormais de déterminer leur rôle dans ce nouvel univers axé sur le numérique, et de trouver une solution pour rester dans la course alors que les technologies utilisées dans le monde de la santé et les voies d’accès aux marchés sont de plus en plus complexes, variées et imprévisibles.

Les experts du secteur sont depuis longtemps conscients de la capacité des technologies numériques à révolutionner le monde de la santé. Pourtant, en termes d’équipements, les choses continuent de changer à un rythme relativement lent, et ce à cause de lourdes réglementations, de problèmes techniques ou de mentalités dépassées – voire les trois en même temps.

Le cloud comme gage de sécurité

Le réel progrès en matière de santé numérique réside dans la connectivité accrue entre les structures du secteur et leur chaîne d’approvisionnement grâce à la technologie, ainsi que dans les possibilités d’innovation offertes par cette collaboration. C’est ainsi que de nombreuses organisations voient enfin se concrétiser les promesses du cloud, ce qui leur permet de tirer parti de nouvelles opportunités de partenariats et de partage de connaissances afin d’innover à une vitesse sans précédent.

Les stratégies hybrides et multi-Cloud ont une valeur inestimable pour les établissements de santé, le cloud privé et sur site étant utilisé pour les fonctions principales et les données des patients, tandis que les services secondaires peuvent être hébergés sur un cloud public tiers. Cette approche réduit considérablement le risque de fuite de données hautement sensibles, tout en permettant de profiter des avantages du cloud – notamment la possibilité d’échanger des données en privé avec d’autres entités de leur chaîne d’approvisionnement. C’est cette interconnexion qui stimule l’innovation dans le domaine, les différents acteurs collaborant désormais d’une façon totalement nouvelle. Encore faudrait-il que les distributeurs au service de l’industrie sanitaire soient en mesure de comprendre et de suivre cette tendance pour en tirer parti et ainsi favoriser une meilleure interconnexion avec leurs partenaires et leur chaîne d’approvisionnement.

Il y a quelques années, quelques-unes des plus grandes structures de santé privées ont investi afin de devenir elles-mêmes des opérateurs de datacentres – principalement pour tirer parti de systèmes et d’applications cloud, mais en conservant un contrôle direct sur leur infrastructure numérique. Bien que sensée, cette stratégie s’est révélée insuffisamment rentable ou évolutive, ce qui les a poussés à faire machine arrière.

Un avenir sûr et viable

Avec l’entrée en vigueur du RGPD, les structures sanitaires se sont vues soumises à une pression énorme, pas seulement sur le plan de la protection des données, mais aussi afin de mieux comprendre la nature de leur empreinte numérique.

Ces sociétés doivent pouvoir s’appuyer sur des partenaires capables de les connecter à de vastes écosystèmes d’éditeurs, de fournisseurs de services cloud et de fournisseurs de services réseau. Plus question de refuser des offres incluant des composantes cloud : l’industrie de la santé est en pleine migration et cette évolution est irrévocable. Les distributeurs doivent donc réagir en conséquence.

Il ne fait aucun doute que les partenaires de distribution continuant à se focaliser sur la fourniture de réseaux, d’équipements et de logiciels en soutien de modèles traditionnels, hypercentralisés et en interne auront du mal à se maintenir à flot. En revanche, ceux qui permettront aux structures sanitaires de devenir des entités réellement interconnectées ont toutes les chances de leur côté, à la fois pour survivre, mais aussi pour réussir. Pour peu qu’ils soient bien entourés, leur avenir est assuré dans le nouveau monde de la santé numérique.

Tim Carter

Source : Le Quotidien du médecin: 9707