D’ici à la fin de l'année, médecins et pharmaciens italiens n’utiliseront plus les ordonnances papier, une petite révolution pour les soignants mais aussi pour les patients. Introduite progressivement en 2016, la « prescription virtuelle » a fait une entrée fracassante en Italie en mars 2020, durant le premier confinement. Au départ, l’idée du gouvernement était de tester le dispositif à l’échelle nationale pendant plusieurs mois avant de le rendre obligatoire.
Une opération pas si simple, le dispositif pendant la pandémie prévoyant que le praticien devait quand même imprimer l’ordonnance pour en remettre un exemplaire au patient. De son côté, le pharmacien devait lui aussi imprimer une autre version pour y coller les vignettes requises des boîtes délivrées. Après avoir prorogé le système autorisant la prescription dématérialisée à trois reprises depuis 2020, le gouvernement de Giorgia Meloni a finalement décidé de rendre cet instrument « définitif et obligatoire ».
Zéro papier, vraiment ?
Dans les faits, la transition se fera progressivement dans les prochains mois. Mais sauf contre-ordre, d’ici à la fin de l’année, la version papier n’existera plus. Ni la « ricetta rosa », l’ordonnance de couleur rose utilisée pour les médicaments remboursés par l’Assurance-maladie italienne, ni la feuille blanche sur laquelle sont prescrits les produits à charge du patient.
L’autre nouveauté concerne les patients atteints de maladie chronique : leur ordonnance sera valable jusqu'à un an – le praticien spécifiant la posologie et le nombre de boîtes. « En fait, nous devons déjà prescrire deux boîtes pour un traitement d’un mois car chaque confection ne contient que 28 cachets », relève le Dr Alessandro Sabatini, généraliste à Rome.
Réduire les fraudes
La e-prescription pourra être adressée au patient selon plusieurs modalités : par mail, avec une pièce jointe (ou avec une note indiquant le numéro de l’ordonnance que le pharmacien devra saisir sur le site de la Sécu régionale) ; par simple SMS ou autre appli de messagerie instantanée ; en dernier lieu, le praticien peut communiquer le numéro de l’ordonnance à son patient par téléphone.
Le patient devra toujours présenter sa carte d’assuré – l’équivalent italien de la carte Vitale – au pharmacien qui devra récupérer la prescription sur le site de l’Assurance-maladie auquel toutes les officines sont reliées. « En ce qui nous concerne, nous sommes déjà entrés depuis plusieurs mois dans l’ère du zéro papier, on ne nous donne plus de blocs d’ordonnances », souligne le Dr Marco Macrì. Pour ce gynécologue urgentiste dans un hôpital de la banlieue romaine, la prescription électronique permettra aussi de réduire les fraudes.
Vignettes dématérialisées
Mais les choses ne seront pas si simples sur le plan technique. « Lorsque le système se bloque, la situation peut virer au cauchemar, dans l’ensemble, nous perdons du temps » confie le Dr Macrì. De fait, entre les pannes et les attaques cyber qui peuvent paralyser logiciels et systèmes informatiques de l’administration publique, la vie des médecins et des pharmaciens italiens ressemble rarement à un long fleuve tranquille.
Chacun devra s'adapter, médecins et officinaux. « Pour le moment, nous devons encore imprimer l’ordonnance pour coller les vignettes des médicaments et l’expédier à l’Assurance-maladie mais d’ici à la fin de l’année, les vignettes seront elles aussi dématérialisées et alors, adieu papier… », imagine Paolo Pagano, titulaire d’une officine située derrière le Colisée. Sur le terrain, les médecins restent encore prudents, échaudés par certains ratés passés. « Attendons de voir comment les choses se passeront dans la pratique, alerte le Dr Alessandro Sabatini, notamment d’un point de vue informatique ».
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