Du premier criblage de molécules à la commercialisation : 10 à 15 ans sont nécessaires pour découvrir un nouveau médicament. Et des millions d’euros engagés pour des pistes thérapeutiques dont moins de 10 % atteindront les essais cliniques, avec un taux de succès de l’ordre du pourcent.
Pour accélérer – jusqu’à 10 000 fois – la recherche de traitements d’intérêt, la start-up Aqemia propose une plateforme basée sur des modèles informatiques dérivés de la mécanique quantique. La jeune pousse lancée en 2019 a couplé des modèles de physique statistique à une intelligence artificielle, capable de générer automatiquement de nouvelles molécules. « Grâce à des calculs d’affinité, des molécules sont créées pour avoir une forte affinité pour la protéine à inhiber », détaille Magali Beffy, directrice des nouvelles technologies (CTO) chez Aqemia. La puissance statistique permet des calculs d’affinité « qui prennent entre trois et quatre minutes, permettant de sauver beaucoup de temps et d’argent lors des premières phases de développement des médicaments ».
Combinaisons infinies
Contrairement aux IA classiques, qui moulinent d’immenses bases de données, « nous n’avons besoin que de morceaux de molécules pour générer de nouvelles molécules, que nous assemblons comme des boîtes de lego, des rouages », illustre la CTO d’Aqemia. Des combinaisons presque infinies et des millions de liaisons possibles protéine/ligand. La technologie française permet également d'anticiper la sélectivité de chaque future molécule pharmaceutique « pour que cette molécule n’aille pas cibler d’autres protéines proches de celle ciblée et générer de potentiels effets secondaires ».
La deeptech tricolore a déjà séduit Sanofi, pour la recherche de nouveaux traitements en oncologie. En décembre 2021, Servier a signé à son tour une collaboration avec Aqemia autour de l’immuno-oncologie. « Lorsque les laboratoires viennent nous voir, ils nous donnent une cible thérapeutique précise, puis nous leur fournissons une ou plusieurs séries chimiques mais nous ne les synthétisons pas », ajoute Magali Beffy. Entre cinq et dix labos ont noué des partenariats avec la deeptech. Désormais hébergé au sein de Paris Santé Campus, Aqemia lance également son propre pipeline de molécules en interne.
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