L'attitude des Français à l'égard du don de gamètes était la grande inconnue de la loi de bioéthique et des changements radicaux qu'elle introduit, à savoir l'ouverture de l'assistance médicale à la procréation (AMP) aux femmes en couple et seules ainsi que l'ouverture d'un accès aux origines pour les enfants issus du don. Contrairement aux craintes évoquées lors des débats, le consentement préalable à communiquer son identité n'est pas un frein pour les donneurs et donneuses.
Neuf mois après son entrée en vigueur, et après une campagne de sensibilisation d'une ampleur inédite lancée à l'automne 2021 par l'Agence de la biomédecine (ABM), 82 % des Français se prononcent en faveur du principe du don de gamètes, selon un baromètre d'opinion réalisé par l'institut Viavoice pour l'ABM*. Une tendance « consolidée » par rapport à 2021, et même en hausse chez les hommes en âge de donner (de 18 à 44 ans), avec 85 % d'opinion favorable (+3 %).
L'accès aux origines, un argument pour le don
Par ailleurs, 22 % de la population considère que la possibilité, pour les enfants issus d'un don, d'accéder à leur majorité aux données identifiantes et non identifiantes de leur donneur est un argument susceptible de les inciter à donner (+ 7 % par rapport à 2021). Et malgré le sentiment d'une méconnaissance du sujet du don (partagé par 86 % des répondants), le manque de donneuses et donneurs est pour la première fois cité spontanément comme motif pour donner.
Sur le terrain, une enquête réalisée par l'Agence de la biomédecine auprès des centres de dons, estime que près de 600 hommes ont donné leurs spermatozoïdes en 2021, et 900 femmes, leurs ovocytes. Des niveaux jamais atteints, les chiffres les plus élevés étant de 404 donneurs en 2017 et 836 donneuses en 2019. Mais qui ne doivent néanmoins pas occulter les difficultés des centres à répondre dans des délais raisonnables aux nouvelles demandes.
Pour améliorer la connaissance des Français sur les enjeux du don, une nouvelle campagne de l'ABM, « Merci d'en parler », débutera le 16 mai. À travers une table ronde réunissant témoins et soignants sur Skyrock, un podcast, et des pages dédiées sur les sites dondovocytes.fr et dondespermatozoïdes.fr, elle vise à développer susciter la discussion entre les personnes concernées par l'AMP et déconstruire les idées reçues sur le don.
* Enquête réalisée par téléphone entre le 28 février et le 7 mars 2022 auprès d’un échantillon de 1 007 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
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