L'écart se confirme entre la représentation citoyenne et celle des soins palliatifs. Alors qu'une douzaine d'organisations de soignants vient de rappeler son opposition à toute forme d'aide à mourir, la convention citoyenne du Conseil économique social et environnemental (Cese) s'est prononcée majoritairement en faveur d'une telle évolution, que ce soit via le suicide assisté (SA) ou l'euthanasie.
Les quelque 180 participants de cette convention ont clos ce week-end la phase de délibération, qui a permis d'acter « des orientations clés, à partir desquelles les citoyens vont pouvoir développer leurs propositions et harmoniser leur réponse avant de procéder à des votes décisionnels », ceci d'ici au 19 mars, a précisé Claire Thoury, présidente du comité de gouvernance. Plus précisément, 167 des 184 membres tirés au sort ont siégé ce week-end.
72 % en faveur du suicide assisté, 66 % pour l'euthanasie
Près de 84 % des participants ont estimé que « le cadre d’accompagnement de la fin de vie ne répond pas aux différentes situations rencontrées ». Et 75 % considèrent qu'il faut ouvrir l'aide active à mourir, quand 19 % le refusent. Sous quelle forme ? Quelque 72 % des 167 citoyens plaident pour le suicide assisté et 65 % sont aussi favorables à l'euthanasie.
Que ce soit pour le SA ou l'euthanasie, les citoyens se prononcent, à une petite majorité, pour une ouverture aux majeurs et aux mineurs, et non seulement aux majeurs (56 % dans le cadre du SA, 67 % pour l'euthanasie). Dans les deux situations, les trois quarts des citoyens recommandent que soient posées des conditions.
Pas forcément en lien avec un pronostic vital engagé
Quelles pourraient-elles être ces conditions ? Les avis sont moins tranchés et l'abstention plus fréquente (autour de 34 -35 %) ; toutefois, une petite majorité plaide pour un large accès l'aide active à mourir. Ainsi, 45 % des votes exprimés considèrent que le SA devrait être ouvert aux personnes atteintes de maladies incurables ou de souffrances ou douleurs réfractaires sans pronostic vital nécessairement engagé. Une proportion qui fléchit à 40 % dans le cas de l'euthanasie. Seulement respectivement 20 et 25 % des votants considèrent qu'il faut réserver le SA ou l'euthanasie à des patients au pronostic vital engagé à court ou moyen terme, comme le suggère le Comité consultatif national d'éthique dans son avis 139.
Enfin, 35 % des votants considèrent que l'euthanasie ne doit pas être réservée seulement aux personnes capables d’exprimer une volonté libre et éclairée (versus 36 % qui jugent cette condition indispensable et 28 % d'abstention).
La convention citoyenne a encore trois week-ends pour préciser ses positions et finaliser un livret remis au gouvernement. « Toutes les nuances d’opinions qui traversent la Convention seront conservées et restituées dans le document final », assure le Cese. « Ce sont les politiques qui décideront à la fin : ça n'est pas ici qu'on tranche mais ici qu'on éclaire la décision publique », a rappelé Claire Thoury.
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