Peu d’hommes sans doute connaissent aussi bien le monde de l’industrie pharmaceutique qu’Étienne Barral. Mais encore moins à l’évidence connaissent celle du groupe français qui a peut-être marqué le plus l’histoire de la recherche, de l’innovation, du développement des molécules sur notre territoire : en clair Rhône-Poulenc.
C’est cette épopée que raconte l’auteur dans un livre passionnant qui se lit comme un roman (1) et qui raconte la création de ce groupe sous le second empire, jusqu’à son démantèlement total et l’OPA quelque peu hostile de Sanofi-Synthélabo sur le groupe franco-allemand Aventis qui avait été créé par la fusion de l’Allemand Hoechst et du français Rhône Poulenc en 1999.
Mais on aurait de croire que le livre d’Étienne Barral conte simplement les soubresauts de la vie du groupe français. Son histoire est en effet inséparable de celles du système de soins et du système de protection sociale. Toute l’histoire du médicament est d’ailleurs étroitement liée à celle du monde de la santé.
La donnée économique
S’il est vrai que les découvertes n’ont pas attendues, et heureusement, les réformes qui, dans ce domaine, ont émaillé la deuxième moitié du vingtième siècle, il n’en reste pas moins vrai sur l’économie de la santé est aujourd’hui une donnée que ne peuvent plus ignorer les responsables de l’industrie pharmaceutique. L’un des grands mérites du livre d’Étienne Barral, en plus de la fabuleuse histoire de Rhône Poulenc, est de montrer le lien très étroit qui rapproche l’économie et la santé. C’est une notion somme toute récente puisqu’il convient de remonter seulement aux années 1970 pour trouver les premiers ouvrages qui traitent sérieusement de cette économie de la santé et des répercussions que les soins et les prescriptions peuvent avoir sur les comptes de la nation et plus simplement sur ceux de l’assurance-maladie. L’industrie a longtemps pêché dans ce domaine, jouant la politique de l’autruche et ne voulant pas voir, ou faisant semblant parfois de ne pas voir, les conséquences que peuvent sur ses résultats, une politique économique rigoureuse en matière de santé. La vie de Rhône-Poulenc, comme celle de nombreux groupes industriels français a été marquée par cette intrusion de la vie économique et plus tard de la maîtrise des dépenses de santé. Cela peut, entre autres, expliquer aujourd’hui toutes les restructurations et les regroupements industriels, qui, quoiqu’en dise ne sont pas toujours des bonnes nouvelles.
Ainsi, la vie de Rhône-Poulenc est appréhendée tout au long de cet ouvrage, par les événements de la vie politique française, voire parfois étrangère, et par les grands chocs, les grandes réformes de l’économie mondiale et du système de santé. On suit aussi tout au long de l’ouvrage d’Étienne Barral, l’histoire de la sécurité sociale, de l’assurance-maladie, depuis sa création jusqu’aux dernières réformes et en particulier celle de 2004 ; on assiste à la construction du marché commun pharmaceutique, de l’Europe du médicament, enfin, et ce n’est pas le moindre des intérêts de cet ouvrage, on se passionne pour la recherche et la découverte des médicaments : les antibiotiques, certes, mais aussi les neuroleptiques et les nouveaux médicaments issus des biotechnologies.
Un ouvrage, on l’aura compris, qui devrait figurer dans bien des bibliothèques et en tout cas dans celles des responsables du monde de la santé et de l’industrie pharmaceutique.
(1) Rhone-Poulenc : "des molécules au Capital" par Paul Etienne Barral. 284 pages, 22 euros.
Atelier Fol’Fer. 11, rue des recollets 75010 Paris www.atelier-folfer.com
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