64 % des infirmiers jugent leur profession « ingrate » et 90 % veulent faire évoluer leurs compétences à court terme

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Publié le 10/05/2021
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Crédit photo : Phanie

La crise a chamboulé l'exercice quotidien des professionnels de santé, mais pas forcément en bien. Selon une vaste consultation* menée par l'Ordre national des infirmiers, 40 % des paramédicaux indiquent que la crise leur a donné l’envie « de changer de métier », tandis que la moitié des infirmiers interrogés considèrent que leur profession « ne permet pas de connaître de véritables évolutions et perspectives de carrière »

Si les infirmiers estiment à 86 % que la crise a révélé leur rôle essentiel dans le système de soins, ils ne sont que 51 % à se dire satisfaits de leur profession ; pire, 64 % d'entre eux jugent qu'elle est « ingrate ». 77 % des sondés estiment que depuis le début de la crise sanitaire, le métier d’infirmier n’est pas mieux reconnu par les pouvoirs publics, et neuf infirmiers sur dix estiment qu'il n’est pas reconnu à sa juste valeur au sein du système de santé en général.

Par conséquent, la quasi-totalité des paramédicaux interrogés (96 %) souhaiteraient faire évoluer la profession d'infirmier « de manière significative » à l'issue de la crise Covid, en revoyant le rôle et les attributions des infirmiers. À court terme, 90 % jugent nécessaire de faire évoluer le décret de compétences définissant leurs actes professionnels, et dont la dernière révision date de 2004.

Prévention et éducation thérapeutique

Parmi les évolutions souhaitées par les infirmiers à court terme, 97 % aimeraient voir leur rôle dans la prévention et l’éducation thérapeutique renforcé ; 95 % souhaitent un meilleur positionnement dans la gouvernance du système de santé et 98 % des infirmiers appellent à un renforcement de la coordination ville hôpital. À plus long terme, 92 % sont favorables au principe de devenir acteurs de la coordination et de la gestion du parcours du patient, au développement de l’usage de nouvelles technologies dans leur pratique (85 %) ou encore à une évolution vers d’autres champs d’expertise comme la santé publique, le judiciaire, la veille et la sécurité en santé (79 %).

Pour le président de l'Ordre des infirmiers, Patrick Chamboredon, ces résultats sont le signe que le Ségur de la Santé, malgré ses hausses de salaires, « n'a pas permis jusqu'à présent de dessiner les contours de la profession infirmière de demain, en lui donnant des perspectives pour l'avenir ».

Pour répondre à ces attentes fortes et aux grands enjeux sanitaires de demain, l'instance ordinale a donc annoncé le lancement d’une démarche « de réflexion collective et de prospective » sur l’avenir de la profession à 10 ans, rassemblant les infirmiers et « l’ensemble de leurs parties prenantes », dont les patients.

* Menée en ligne du 30 avril au 5 mai 2021 et à laquelle plus de 30 000 infirmiers ont répondu.


Source : lequotidiendumedecin.fr