Beaucoup de soins ont été déprogrammés pendant le confinement, mais peu ont été reprogrammés, révèle l'association UFC-Que Choisir dans une enquête* publiée ce mardi 7 juillet, portant sur les soins médicaux et paramédicaux pendant le confinement.
Alors que les trois quarts des rendez-vous initialement prévus entre le 17 mars et le 11 mai chez un professionnel de santé (médecin généraliste, dentiste, masseur-kinésithérapeute, chirurgien et autres médecins spécialistes) ont été annulés, moins de 20 % avaient fait l’objet d’une reprogrammation au sortir du confinement, indique UFC-Que Choisir, évoquant un retard « alarmant » pris en matière de reprogrammation des soins. Un tiers de ces rendez-vous avaient été pris depuis plus de trois mois.
En milieu hospitalier (public et privé), la communication est « trop souvent restée uniquement administrative ». Seuls 13 % des patients ayant vu leur rendez-vous annulé ont pu avoir un contact direct avec leur chirurgien, « pourtant le mieux à même de les informer sur les conséquences médicales de ce report », souligne l'enquête.
Par ailleurs, UFC-Que Choisir pointe « la gestion des besoins de soins apparus pendant le confinement ». 40 % des usagers qui ont estimé avoir besoin d’un rendez-vous auprès d’un professionnel de santé sans pouvoir attendre la fin du confinement, sont restés sans solution.
Embouteillage
Concernant la reprogrammation, les deux mois d'interruption quasi-totale ont eu pour résultat de créer « un interminable embouteillage de patients ». 20 % des rendez-vous chez des professionnels de santé annulés pendant le confinement avaient été reprogrammés au moment de l’enquête, 23 % des rendez-vous ont été reportés de moins d'un mois, la moitié a été reportée entre un et trois mois, et 27 % des rendez-vous ont été reportés à plus de trois mois.
Cette proportion de reprogrammations tombe à 12 % pour les opérations et traitements en milieu hospitalier (public et privé), avec près de 60 % des rendez-vous reportés d’un à trois mois et 16 % à plus de trois mois.
Les établissements de santé doivent en effet faire face à un flux constant de nouveaux patients, d'autant plus difficile à gérer que les règles d’hygiène drastiques réduisent les capacités de prise en charge, note l'enquête.
Pas de pénalisation financière
L'association de consommateurs demande « des mesures fortes » pour organiser la continuité des soins, et notamment que toutes les ressources d’offres de soins territoriales, privées et publiques, soient mobilisées, ainsi que les centres d’imagerie médicale « qui accusent des retards considérables », selon les remontées d'usagers.
« La coordination entre public et privé est une urgence absolue et doit se faire sous l’égide des agences régionales de santé, pour orienter les usagers vers les places disponibles », indique UFC-Que Choisir, qui appelle les ARS à mettre en place un suivi des capacités des établissements de soins.
Enfin, l'association demande au ministre de la Santé de garantir que les usagers qui seraient éventuellement dirigés vers le privé, alors qu’ils avaient rendez-vous à l'origine dans le public, ne se voient pas pénalisés financièrement en particulier par l’application de dépassements d’honoraires.
* Enquête menée en ligne du 3 au 12 juin 2020, auprès de 4 654 abonnés à la lettre d’information de quechoisir.org et du réseau d’associations locales UFC-Que Choisir
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