Agnès Buzyn confirme le déremboursement des médicaments contre Alzheimer, les patients mécontents

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Publié le 29/05/2018
alzheimer medicaments

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Crédit photo : S. Toubon

La ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, a confirmé qu'elle allait suivre l'avis de la Haute autorité de santé (HAS) et dérembourser quatre molécules prescrites dans la prise en charge de la maladie d'Alzheimer : donézépil, rivastigmine, galantamine et mémantine. « La date n'est pas fixée, mais nous allons vers un déremboursement », a-t-elle précisé lundi soir au micro de la radio RTL.

« Je devrais, dans les jours qui viennent, annoncer, effectivement, le fait que nous suivons les recommandations de la Haute Autorité de santé », a-t-elle déclaré. France Alzheimer et maladies apparentées n'a pas manqué de réagir face à cette décision qu'elle qualifie d'« infondée et dangereuse ».

Craintes des patients et de certains professionnels

« Efficacité… C’est le "gros mot" qui a semble-t-il eu raison du remboursement, certes limité mais remboursement quand même, des quatre médicaments anti-Alzheimer actuellement sur le marché, accuse l'association dans un communiqué. Si derrière le terme efficace, on entend guérir la maladie. Bien entendu, ils ne le sont pas et ne l’ont jamais été. Par contre, si l’on parle d’un effet sur les symptômes des personnes malades, alors oui, ces médicaments sont efficaces. »

Pour Joël Jaouen, président de France Alzheimer, cette décision, remets en cause « le travail des professionnels de santé, des neurologues, des médecins qui, depuis plusieurs années, prescrivaient ces médicaments à leurs patients, conscients des bienfaits sur ces derniers. »

Du côté des médecins, les avis sont partagés : lors de l'annonce de l'avis de la commission de transparence de la HAS, le Pr Mathieu Ceccaldi, président de la Fédération nationale des centres mémoire de ressources et de recherche (FCMRR), réagissait auprès du « Quotidien », soulignant le « mal » que cette décision risquait d'occasionner aux patients, « car les effets cognitifs et comportementaux ne sont pas substituables par d'autres molécules, expliquait-il. Les praticiens vont se tourner vers les neuroleptiques, autrement plus délétères que les anti-Alzheimer ».

Le Pr Olivier Saint-Jean, gériatre à l'hôpital européen Georges Pompidou (AP-HP) et membre de la CT, avait quant à lui expliqué que « l'efficacité est au mieux minime » et souligné l'absence de « mesure de l'impact de ces médicaments au long cours », tout en dénonçant le coût « de 100 à 130 millions d'euros par an » pour les 30 000 à 40 000 patients traités.

30 euros par mois en plus

Selon France Alzheimer, plusieurs familles de patients ont fait part de leurs « inquiétudes, leurs interrogations, leur désarroi, et leur incompréhension. Pour les familles qui entendent, malgré tout, continuer à avoir recours aux médicaments, cela signifie mettre à la main à la poche. » L'association estime que le reste à charge pour les familles s'élève actuellement à plus de 1 200 euros/mois en moyenne (les 4 molécules sont remboursées à hauteur de 15 %), et que « rares sont celles qui pourront, en sus de leurs dépenses actuelles, assumer les 30 euros mensuels équivalents au coût du traitement. »

France Alzheimer dénonce aussi l'impact de la décision sur la recherche. « En effet, parce qu’ils sont conditionnés à la prise de médicaments, les essais cliniques seront en conséquence limités, avec pour résultat, une impossibilité pour une grande majorité de patients d’accéder aux thérapies innovantes », détaille l'association.


Source : lequotidiendumedecin.fr