Les seniors et le sport

Au CHU de Toulouse, un programme de réentraînement à l’exercice a fait ses preuves

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Publié le 06/06/2017
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Crédit photo : PHANIE

« Sport et santé, le sujet me passionne ! » reconnaît le Pr Daniel Rivière, chef de service de médecine du sport du CHU de Toulouse.

Lui qui avait été chargé d’un rapport sur un dispositif d’activité physique et sportive en direction des personnes âgées en 2013, se consacre au sujet depuis 30 ans. Depuis, quelques-unes de ses préconisations ont été déployées sur le territoire, notamment la mise à disposition de structures sportives pour les personnes âgées, l’introduction d’activités physiques dans les EHPAD… et la prescription de santé dans certaines affections avec la loi du « sport sur ordonnance. » À Toulouse, au sein de l’hôpital Larrey où il exerce, deux niveaux de prises en charge existent. Une plateforme de la fragilité d’une part, dédiée aux personnes âgées dites fragiles. « Après diagnostic, les patients se voient proposer une prise en charge globale dans laquelle est intégrée une activité physique structurée pendant deux ou trois mois avec un relais auprès d’un professionnel de santé », décrit-il.

20 jours pour réapprendre à faire du sport

Le CHU dispose par ailleurs d’une structure de réentraînement à l’exercice physique qui concerne toutes les pathologies chroniques quel que soit l’âge des patients. Dans les faits 90 % des participants ont plus de 50 ans, 40 % plus de 65 ans et 400 personnes sont prises en charge par ce biais chaque année dans la ville rose. Après une courte hospitalisation de jour pour un bilan, les patients suivent un programme d’activité physique de deux heures hebdomadaires au sein de l’hôpital avec des médecins. « Nous leur proposons des exercices cardio respiratoires de type aérobie ou du renforcement musculaire. Ces séances d’accompagnement en milieu hospitalier aident les patients à reprendre l’habitude de pratiquer du sport, car l’objectif est bien de modifier leur comportement pour faire rentrer de nouveau l’activité physique dans leur quotidien », observe le médecin. Si d’autres structures de ce type se sont développées depuis en France, elles seraient encore insuffisantes notamment pour accompagner les insuffisants respiratoires, estime le spécialiste. À l’issue de ces 20 semaines de réentrainement, à Toulouse la prise en charge se poursuit pendant un an pour la majorité des patients au sein du réseau EFFORMIP. Lancé en 2005, ce réseau était à l’époque le premier de France. Son originalité ? Faire le lien entre l’hôpital et des clubs et fédérations sportives locales, dans lesquels, les éducateurs sportifs sont formés à la prise en charge des patients.

Règles des 3 R

Depuis sa création, EFFORMIP a permis l’accompagnement de 3 000 patients. « Au bout d’un an le dispositif prouve son efficacité puisque 75 % des patients continuent à exercer une activité en autonomie », assure le médecin. Autre préoccupation du Pr Rivière : combattre la sédentarité du quotidien, car si la pratique régulière d’une activité sportive est importante, elle ne compense pas la sédentarité du quotidien. « Or c’est bien l’association des deux qui est bénéfique pour la santé », rappelle-t-il. Parmi les bénéfices avérés il cite des effets positifs sur la performance cardiaque, le maintien du capital osseux, la lutte contre la sarcopénie, des bénéfices sur la santé psychique et finalement le retard de la dépendance… C’est pourquoi il défend la règle des 3 R (une activité raisonnée, régulière et raisonnable) et conseille aux médecins d’avoir ce discours dans leurs prescriptions quotidiennes.

Béatrice Girard

Source : Le Quotidien du médecin: 9586