Pour calmer le malaise du secteur

Bertrand cajole l’hôpital public

Publié le 15/04/2011
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UN DÉBAT direct et sans langue de bois : les directeurs et médecins hospitaliers se sont exprimés sans fard lors du raout sur l’avenir de l’hôpital public organisé mardi par le ministère de la Santé. Tout y est passé : crédits accordés au privé pour la permanence des soins, rigueur budgétaire, contrôles T2A (tarification à l’activité)... Le ministre de la Santé a fait montre d’ouverture, selon plusieurs participants. À la directrice du centre hospitalier de Mulhouse, qui a interrompu un représentant de l’assurance-maladie alors qu’il assurait que les contrôles T2A sont menés à charge et à décharge, Xavier Bertrand a promis de se pencher de près sur la question.

« Son discours est mieux passé que celui de Roselyne Bachelot, déclare le Dr Claude Girard, président de la CME du CHU de Dijon. On s’est senti moins catalogué. Il existe de vrais problèmes à l’hôpital, liés à la tarification, la démographie. Ce n’est pas uniquement un manque de savoir faire ». Le Dr Francis Fellinger, président de la Conférence des présidents de CME de CH, note également un progrès : « Enfin le ministre montre qu’il s’intéresse à l’hôpital. Il a dit qu’il n’est pas d’accord avec toutes les conclusions financières de la FHF (Fédération hospitalière de France, NDLR), mais il a également dit que beaucoup d’hôpitaux sont à l’équilibre. Il reconnaît qu’il y a eu de gros efforts faits pour les réorganisations internes ».

Les présidents de CME restent néanmoins en alerte. Après les mots, ils attendent les actes. Certains syndicats de PH affichent leur scepticisme. Le Dr Pierre Faraggi, président de la CPH (Confédération des praticiens des hôpitaux) déplore « l’absence de mesure concrète, sinon l’annonce de groupes de travail » - notamment sur la pertinence des actes et l’accompagnement de la réforme HPST. L’élargissement des missions des CME « ne coûte pas d’argent et rassurerait les PH, mais le ministre a botté en touche en rappelant que les directeurs d’hôpital ne sont pas d’accord », complète le Dr Faraggi.

La présidente de l’INPH (Intersyndicat national des praticiens hospitaliers), le Dr Rachel Bocher, s’est trouvé des points communs avec les présidents de CME et les directeurs, qui, d’une seule voix, « ont fait montre de peu d’optimisme », rapporte-t-elle. « Le président de la FHF a même dénoncé l’installation d’une médecine à deux vitesses », a précisé Rachel Bocher à l’occasion d’un colloque organisé par l’INPH au lendemain du séminaire ministériel. La communauté hospitalière s’est récemment ressoudée autour des missions de service public ; un amendement qui aurait autorisé « leur vente à la découpe » a été retiré « grâce à notre vigilance », se réjouit Rachel Bocher. Médecins et directeurs attendent maintenant que Xavier Bertrand dévoile les « mesures correctrices » qu’il a promises.

D. CH.

Source : Le Quotidien du Médecin: 8944