« Bonnes pratiques ? » Face au mal de dos, les médecins réclament souplesse et prévention

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Publié le 24/11/2016
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Pour optimiser le parcours de soins du patient lombalgique, l'assurance-maladie mise en particulier sur la diffusion de « bonnes pratiques » auprès des médecins traitants, en insistant sur le maintien en activité.   

La CNAM évalue par exemple une expérimentation (impliquant 70 patients), inspirée du modèle de « Sherbrooke » (Québec), qui consiste à accompagner les salariés lombalgiques afin de favoriser leur retour précoce au travail, si possible durablement, en lien direct avec le médecin du travail et le praticien de rééducation.

Les responsables de syndicats de médecins libéraux restent néanmoins très prudents face à des schémas trop rigides face aux lombalgies. « L'assurance-maladie sait bien que si on arrête quelqu'un pendant longtemps, il y a plus de chances pour qu'il ne revienne pas, concède le Dr Éric Henry, président du Syndicat des médecins libéraux (SML). Mais ce n'est pas si simple, certaines lombalgies étant très douloureuses. » « Je pense qu'il ne faut pas hésiter à utiliser du mi-temps thérapeutique, peu connu et parfois un peu compliqué à mettre en place, mais qui fonctionne bien pour une reprise du travail », estime-t-il. Le Dr Claude Leicher, président de MG France, plaide aussi pour du sur-mesure. « La reprise rapide du travail dépend du contexte social et professionnel, c'est évidemment bien plus compliqué pour les travailleurs du bâtiment ou de l'industrie par exemple ».

La réalisation d'examens d'imagerie, « non recommandée avant sept semaines d'évolution » et même « susceptible d'ancrer le patient dans l'idée de sa maladie » (rapport charges et produits 2017 de la CNAM), fait également l'objet de discussions. « Il faut certes éviter les examens complémentaires à tout prix, et sensibiliser les gens à ce sujet, mais il ne faut pas non plus généraliser, car une radio permet parfois de découvrir un autre problème », souligne le Dr Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France (FMF).

Pas question, surtout, de « fliquer » les prescripteurs. « Les référentiels de l'assurance-maladie sont utiles car c'est aussi une façon de se protéger, estime le Dr Leicher (MG France). Mais attention à ne pas décourager les médecins, je pense qu'il faut adapter ces référentiels aux populations, et non à une région ou un département où il y a des disparités. »

Sensibiliser dès le plus jeune âge

En première ligne, les médecins plaident plutôt pour une sensibilisation « à la source ». Le Dr Éric Henry (SML) explique que la prévention doit se faire dans les entreprises où la « tension psychologique peut être forte ». « Il faudrait également apprendre dès le plus jeune âge, dans les écoles, à bien se tenir », avance-t-il. « Les lombalgies sont souvent la conséquence de mauvaises conditions ou organisations du travail, c'est pourquoi la prévention en entreprise est nécessaire, notamment dans le secteur des services à la personne, avec par exemple des lève-personnes », ajoute le Dr Leicher.

L'activité physique, l'adoption de bonnes postures, le port éventuel d'une ceinture de contention font partie de la culture de prévention que l'assurance-maladie cherche à développer.

 


Source : Le Quotidien du médecin: 9537