Cette expérimentation doit s'élargir à d'autres régions et aux primo-vaccinants

Publié le 15/02/2018
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Depuis le 6 octobre 2017, les pharmacies d’officine des régions Auvergne Rhône-Alpes et Nouvelle Aquitaine sont autorisés, dans le cadre d’une expérimentation de trois ans, à vacciner certains patients contre la grippe.

Seuls les patients adultes ciblés par les recommandations vaccinales en vigueur, à l’exclusion des femmes enceintes et des primo-vaccinants, sont aujourd’hui concernés par cette expérimentation. Les personnes à risque particulier (terrains immunodéprimés, patients présentant des troubles de la coagulation…) identifiées par le pharmacien doivent être orientées vers leur médecin traitant.

Pour participer à l’expérimentation, les pharmaciens d’officine ont été formés et ont dû répondre à différentes exigences en termes de locaux et d’équipements.

Au vu des premiers résultats, l’expérimentation est un franc succès pour les patients : 155 000 personnes ont fait confiance à leur pharmacien pour les vacciner, dépassant largement l’objectif du Ministère de la Santé de 30 000 à 40 000 vaccinations. Les pharmaciens d’officine l’ont également plébiscitée puisque, dès la première année, plus de 50 % des officines de chaque région, soit 4 934 pharmaciens, se sont portées volontaires pour participer à cette expérimentation.

Sécurité et efficience

Les vaccinations se sont déroulées dans les meilleures conditions de sécurité et d’efficience, et dans leur grande majorité, elles se sont effectuées à la demande des patients. Ce bilan témoigne de l’implication des pharmaciens d’officine pour renforcer la couverture vaccinale.

Il faut compter sur les pharmacies d’officine pour renforcer la couverture vaccinale. Selon le Ministère, moins d’une personne sur deux (47,4 %), pour qui la grippe représente un risque, s’est fait vacciner pendant la campagne de 2016 et les jeunes seniors (entre 65 et 69 ans) ne sont que 37 % à se faire vacciner. En 2016, Santé publique France estimait la surmortalité hivernale spécifiquement liée à la grippe à 14 400 décès. Il est urgent d’agir et d’inverser cette tendance !

D’une part, je suis convaincue que la couverture vaccinale augmentera si les professionnels de santé montrent l’exemple. Aussi, nous avons travaillé avec KLESIA pour proposer à l’ensemble des salariés de l’officine un service de vaccination antigrippale et une prise en charge sans frais supplémentaires. C’est un exemple à suivre.

D’autre part, il me semble essentiel que les pouvoirs publics s’appuient sur le réseau officinal pour y parvenir. La cible populationnelle de cette expérimentation doit s’élargir aux primo-vaccinants, qui n’ont ni médecins réguliers ni infirmières. De plus, le nombre de régions y participant doit augmenter, dès la prochaine campagne de vaccination. Ce souhait est partagé par l’ensemble de la profession au vu du succès incontestable de la première année d’expérimentation.

Le pharmacien d’officine est l’allié des autres professions de santé dans la prévention. Il bénéficie de la confiance de la population, d’un maillage territorial homogène, d’une large amplitude horaire, et des compétences requises pour expliquer, promouvoir la vaccination et réaliser l’acte vaccinal après une formation obligatoire.

Une adhésion forte des patients

Le nombre de patients vaccinés dans les régions tests a augmenté, témoignant de la complémentarité de nos professions. En 2017, les patients ont fortement adhéré à ce nouveau parcours vaccinal, témoignant de leur attente en la matière. Je suis persuadé que cet engouement sera décliné sur l’ensemble des régions.

Les personnes qui souhaitent se faire vacciner contre la grippe ne sont pas uniquement les personnes bénéficiant d’un bon de l’Assurance maladie. Pensez à l’entrepreneur qui ne peut pas se permettre d’être malade, à la personne qui visite régulièrement ses parents en maison de retraite. Ces personnes ne seront pas forcément malades pendant la campagne de vaccination, et ne consulteront peut-être pas de médecin ou d’infirmier. Les pharmaciens doivent donc pouvoir intervenir, de manière complémentaire et dans l’intérêt général, aux côtés des autres professionnels de santé en proposant un service de vaccination à l’officine.

Enfin, en proposant aujourd’hui aux personnes adultes de moins de 65 ans de se faire vacciner, le pharmacien instituera, avec l’ensemble des professionnels de santé, un réflexe « vaccination » pour les années à venir. 

Gilles Bonnefond, président de l'USPO

Source : Le Quotidien du médecin: 9640