« Le secteur est au bord de l’asphyxie », alertent les prestataires de santé à domicile (PSAD), à bout de nerfs après des années de « politique comptable de régulation » sur le maintien à domicile. Preuve de leur courroux, les représentants du secteur ont appelé à la grève ce mercredi 6 octobre, assortie d’une manifestation en direction du ministère de la Santé.
4 000 emplois en jeu ?
Alors que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2022 prévoit la poursuite de baisses tarifaires sur les soins à domicile, à hauteur de 200 millions d'euros, les PSAD se mobilisent donc à la veille de l’examen de ce budget en Conseil des ministres.
Sondes, apnée du sommeil, stomie, diabète… : quelque 2,5 millions de Français sont accompagnés chaque jour par un prestataire. « Si les nouvelles coupes qui nous ont été annoncées sont appliquées, 4 000 emplois, soit 10 à 12 % des salariés, devront être supprimées pour permettre de maintenir les entreprises à flot », calcule la fédération des PSAD.
Selon elle, en 12 ans, le budget alloué pour chaque patient traité à domicile a été réduit de 38 %, soit 700 millions d’euros d’économies cumulées. « Avec nos 32 000 salariés, nous avions jusqu’à présent réussi à maintenir le niveau de qualité et de sécurité indispensables à nos patients, ajoute-t-elle. Mais aujourd’hui, avec les baisses de remboursement successives imposées par le gouvernement, nous n’y arrivons plus ! Cette fois-ci, la coupe est pleine. »
Négociations au point mort
L’été n’a pas calmé la colère des PSAD qui se disent victimes « d’un acharnement comptable ». « Le CEPS [comité économique des produits de santé] a infligé une baisse tarifaire de plus de 10 % (138 millions d'euros) sur l’apnée du sommeil », rappellent-ils. Trente millions d'euros d’économies supplémentaires seraient dans les tuyaux sur la perfusion à domicile. Et début septembre, coup de grâce : alors que le système de pancréas artificiel Diabeloop obtient son remboursement, les pharmaciens ont été préférés aux prestataires pour l'accompagnement du patient, faute d’accord signé avec le CEPS.
Les négociations sont au point mort sur le chantier d’un accord-cadre qui permettrait de définir la trajectoire économique des prestataires. « Cette situation de blocage découle à la fois de la rigidité du CEPS, qui nie la valeur ajoutée des PSAD dans le système de santé, et d’une forme de mépris de la part du gouvernement », affirment les entreprises du secteur. La pilule passe d'autant plus mal que Jean Castex « vient d’annoncer un plan de 400 millions d'euros en faveur du maintien à domicile des personnes âgées, mais sans intégrer les PSAD dans ce dispositif ».
Lors de ce jour de colère, les prestataires de soins à domicile devaient inviter leurs patients à signer une pétition en ligne, qui a déjà récolté plus de 33 000 signatures. En septembre 2016 déjà, les prestataires étaient descendus dans la rue contre des baisses de prix. Une semaine plus tard, un accord tarifaire avait été trouvé.
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