La maladie d’Alzheimer représente un coût de plus en plus important pour la société. Ce sont justement les coûts « directs et indirects de cette pathologie qui représente déjà 70 % des maladies neurodégénératives » qu’étudie depuis plusieurs années Jean-Hervé Lorenzi, président du cercle des économistes et de la chaire transitions démographiques, transitions économiques (TDTE). Ce sujet était au cœur d’un récent débat à la Caisse des dépôts, à Paris.
« Nous devons admettre qu’il ne sera peut-être pas possible de vaincre la maladie d’Alzheimer. Nous n’attendons pas de médicaments curatifs dans les dix prochaines années, il est temps de guider les décideurs et d’aider les acteurs, car nous avons besoin d’apprendre à vivre avec cette maladie », affirme Bruno Anglès d’Auriac président de la fondation Médéric Alzheimer. À défaut d’innovation thérapeutique, les experts misent sur l’innovation sociale et veulent faire évoluer la prise en charge de la maladie. Avec 860 000 personnes atteintes d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée et 225 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année en France, l’optimisme n’est pas de mise. Les projections de l’évolution de la pathologie sont encore plus sombres. L’OMS prévoit une augmentation de 60 % des cas d’ici à 2040 et 1,8 million de personnes atteintes par cette maladie dès 2050. « L’absence de perspectives biomédicales impose une réflexion globale sur l’organisation des parcours, rebondit le Dr Jean-Pierre Aquino, gériatre associé à la fondation Médéric Alzheimer. Les 24 mois qui s’écoulent en moyenne entre la constatation des premiers signes et la pose du diagnostic ne sont plus acceptables. »
Diagnostic : grand écart entre la ville et l’hôpital
La phase de diagnostic coûte à elle seule environ 300 millions d’euros par an, dont 90 % pèsent actuellement sur l’hôpital. « Le coût d’un diagnostic à l’hôpital est de 1 394 euros par patient, alors qu’il plafonne à 796 euros en ville dont 350 euros de consultation chez un neuropsychologue qui resteront à sa charge », explique le Dr Alain Bérard, médecin de santé publique de la fondation Médéric Alzheimer.
Selon la chaire TDTE, la prise en charge des patients atteints d’Alzheimer coûte chaque année 8,7 milliards d’euros. Le suivi en EHPAD représente 3,34 milliards d’euros par an, tandis que l’hospitalisation traditionnelle coûte 2,8 milliards d’euros (341 000 séjours). Près d’un milliard et demi d’euros sont dédiés aux soins paramédicaux libéraux tous les ans. Le montant de ces dépenses s’explique par la multiplication des diagnostics posés, qui entraîne 35 millions d’euros de coût de consultation médicale. Ces chiffres pourraient encore s’alourdir si les projections de l’OMS se confirment à horizon 2050. Raison de plus pour améliorer l’utilisation des ressources et former les aidants. Les experts s’accordent sur un premier point dont le Dr Bérard se fait le porte-parole. « Pourquoi continuer à dépenser chaque année 700 millions d’euros de prescription médicamenteuse dans quatre molécules qui aujourd’hui, ne tiennent pas leurs promesses ? »
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