Donner 10 ans de carrière dans un désert ? Hors de question, rétorquent les internes à Mélenchon

Par
Publié le 17/11/2020

Crédit photo : S.Toubon

Obliger les jeunes médecins à s'installer pendant 10 ans dans une zone sous-dense sous prétexte que l'État a réglé la facture de leurs études ? La proposition coercitive de Jean-Luc Mélenchon, formulée jeudi 12 novembre sur BFM, lors d'une émission politique a révulsé les internes qui n'ont pas tardé à répliquer sur les réseaux sociaux.

Dans un double communiqué, l'Intersyndicale nationale des internes (ISNI) rappelle d'abord que « la problématique des déserts médicaux » pèse de façon injuste sur les jeunes déjà lourdement touchés par « des conditions de travail inacceptables » et des horaires à rallonge.

L'argument financier du « coût » des carabins ne tient pas. Les étudiants en médecine, pendant leurs quatre premières années, ne coûtent pas plus cher que des lycéens… « Un étudiant en médecine coûte entre 8 000 et 10 000 euros par an (...) un lycéen environ 11 500 euros », assure l'ISNI. Autre rappel : un étudiant en 4e année et sa famille déboursent de leur côté environ 3 400 euros par an (sans compter le matériel et les livres spécifiques pour 1 300 euros). Une facture plutôt salée.

Un futur médecin très rentable

Mais surtout, les émoluments des étudiants hospitaliers – même s'ils ont été revalorisés à la faveur du Ségur – ne sont pas à la hauteur des services accomplis dans les services. « Avec un salaire horaire brut de 2,60 euros pour un étudiant en 4e année de médecine ou avec une moyenne de 52,2 heures travaillées hebdomadaire pouvant aller jusqu'à 70 heures pour un interne payé à la moitié du SMIC horaire, il faut comprendre que l'étudiant en médecine ne coûte rien à l'État dès lors qu'il travaille à l'hôpital, recadre l'ISNI. Au contraire, il est très rentable ! » Le syndicat estime que l'État réalise même un bénéfice compris entre 80 000 et 120 000 euros par futur médecin formé… 

Pour éteindre l'incendie, Caroline Fiat, députée LFI et aide-soignante, a reçu les jeunes le 16 novembre. « Les zones sous-dotées sont abandonnées depuis longtemps par l'État et les services publics, a rappelé l'ISNI. Les conditions de vie proposées par ces territoires délaissés par les gouvernements successifs ne permettent pas à ce jour d'offrir aux jeunes médecins une vie épanouie. »

Lors de cette rencontre, les jeunes médecins ont rappelé leurs priorités consistant d'abord à agir contre le non-respect du temps de travail dans les hôpitaux et à lutter contre les risques psychosociaux et la précarité étudiante.


Source : lequotidiendumedecin.fr