Face au développement des maisons de naissance, le modèle des unités physiologiques semble faire l'unanimité

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Publié le 25/06/2021
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Crédit photo : S.Toubon

Autorisées à titre expérimental en 2015, les maisons de naissance ont pris du galon, en 2020, avec l'adoption d'un texte autorisant la création de douze structures supplémentaires. Huit maisons de naissance existent d'ores et déjà sur le territoire. Mais l'engouement des députés pour ces structures gérées exclusivement par des sages-femmes libérales n'a toujours pas gagné les rangs du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF). En cause : les risques en termes de sécurité, tant pour les parturientes que pour les nouveau-nés.

À l'occasion d'un débat organisé par Audipog - l'association des utilisateurs de dossiers informatisés en pédiatrie, obstétrique et gynécologie - pour ses 40 ans d'existence, Chloé Barasinski, sage-femme et attachée de recherche clinique au CHU de Clermont-Ferrand, a rappelé les données de l'étude sur laquelle les députés se sont appuyés pour accepter la généralisation des maisons de naissance. « L'évaluation d'Anne Chantry (sage-femme et épidémiologiste à l'Inserm, N.D.L.R.) a retrouvé des résultats de sécurité similaire à ceux de la littérature avec une faible fréquence d'interventions », a-t-elle déclaré. Réalisée sur des données de 2018, elle a concerné 649 femmes dont 506 ont accouché in fine dans une maison de naissance et 143 qui ont été transférées et ont accouché dans les maternités partenaires. Des transferts effectués pour des situations à risque de complications, comme la non-progression du travail (58 %), mais « sans urgence » dans plus de 85 % des cas.

L'inquiétude du recrutement

Toutefois, ce sont bien ces 22 % de patientes transférées qui contrarient le Pr Alexandra Benachi, vice-présidente du CNGOF et chef du service de gynécologie obstétrique à l'hôpital Antoine Béclère (maternité de type III). Une preuve, selon elle, que la sécurité se trouve à l'hôpital et que « le Samu est un partenaire indispensable des maisons de naissance », a-t-elle ajouté avec une pointe de provocation puisqu'en France, les maisons de naissance sont nécessairement contiguës à une maternité.

Autre inquiétude, celle du recrutement des sages-femmes dans les maternités qui effectuent la plus grande majorité des naissances (environ 750 000 par an). « C'est très bien d'avoir des maisons de naissance mais il faut déjà mettre du personnel dans les établissements capables de prendre en charge toutes les femmes, estime la gynécologue. On peut toujours améliorer la bienveillance dans les maternités de type III, encore faut-il avoir les moyens de le faire ! ». Et de nuancer : « Il faut essayer de trouver un compromis entre ce qu'on a et ce que vous souhaitez », indique-t-elle à l'adresse de Chloé Barasinski. Car pour les deux professions, l'essentiel est d'éviter les naissances non assistées qui seraient autour de 700 par an.

Le modèle d'unités physiologiques, gérées par des sages-femmes hospitalières au sein des maternités, semble faire l'unanimité, en conciliant sécurité et bienveillance. Actuellement au nombre de quatre sur tout le territoire national, elles effectuent, selon Chloé Barasinski, « le même volume de naissance que les maisons de naissance », soit environ 500 naissances par an. Mais pour le Pr Benachi, qui en a fait l'expérience au sein de son service à Antoine Béclère, les deux organisations doivent être absolument séparées pour que les unités de la maternité puissent chacune conserver le nombre de ses lits.


Source : lequotidiendumedecin.fr