Généralistes enseignants, étudiants, universitaires et Mutualité appellent clairement à faire barrage à Marine Le Pen

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Publié le 13/04/2022

Crédit photo : S.Toubon

Les valeurs du serment d’Hippocrate sont « en totale contradiction avec celles de l’extrême droite qui a toujours prôné un discours d’exclusion, de sectarisme, d’intolérance et de xénophobie qui heurte au plus profond le sens de nos pratiques et de nos engagements », explique le Collège national des généralistes enseignants (CNGE), qui fédère 12 000 généralistes maîtres de stage et enseignants. Et de marteler que les valeurs de la science, du soin et de l’éthique « ne sont pas celles de l’extrême droite ».

Égale considération des patients

Alors que l’exercice et l’apprentissage de la médecine impliquent « une égale considération de l’ensemble des patients », les positions du Rassemblement national sont incompatibles avec la déclaration de Genève, qui a justement adapté le serment d’Hippocrate aux enjeux contemporains, analysent les généralistes enseignants. Le texte signé en 1948 engage chaque médecin à ne pas permettre que « des considérations d'âge, de maladie ou d'infirmité, croyance, d'origine ethnique, de sexe, de nationalité, d'affiliation politique, de race, d'inclinaison sexuelle, de statut social ou tout autre critère s'interposent entre (son) devoir et (son) patient ».

Les généralistes enseignants se souviennent aussi « qu’en matière scientifique et sanitaire, le Rassemblement national s’est illustré au cours de la crise Covid par des prises de position s’opposant brutalement aux données scientifiques ». En deux ans, Marine Le Pen a défendu la liberté de prescription d’hydroxychloroquine ou s’est montrée « fondamentalement opposée » à la vaccination Covid des enfants.

L’engagement clair du CNGE contre l’extrême droite a été relayé sur les réseaux sociaux par le Dr Jérôme Marty, président de l’UFML, le Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG) ou encore le Dr Mathias Wargon, chef des urgences de l'hôpital de Saint-Denis. 

Barrage sans adhésion à Macron

Les centrales étudiantes appellent également à faire barrage à l'extrême droite, à l’instar de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage) qui appelle sans ambiguïté à ne donner « aucune voix pour la haine, aucune voix pour Le Pen ».

La centrale étudiante précise que, le 24 avril, « il ne s’agira pas de s’abstenir ou de voter blanc mais bien de faire en sorte que la candidate du Rassemblement national, et tout ce qu’elle représente, recueille le moins de voix possible ». Repli sur soi, discrimination, rejet de l’autre : « Nos valeurs humanistes et républicaines sont plus fortes que l’intolérance et que les discours mensongers de l’extrême droite », tweete Paul Mayaux, président de la Fage. Cet appel ne donne aucun blanc-seing à Emmanuel Macron, la Fage précisant qu’il « n’implique ni adhésion au programme du président sortant, ni approbation de son bilan pour les jeunes ».

Une prise de position partagée par l'Union nationale des étudiants de France (Unef). « Malgré une élection volée à la jeunesse, ne laissons aucune voix à l'extrême droite ! », écrit le syndicat, appelant les jeunes à se mobiliser dans les urnes. Pour l'heure, ni les associations de carabins, ni les syndicats d’internes n’ont pris position.

Risque pour la production de savoir

Côté universitaire toujours, France Universités – qui rassemble les présidents d’université – appelle « à combattre l’extrémisme que porte la candidature de Marine Le Pen et à voter pour Emmanuel Macron ». Les universitaires redoutent que l’accession de Marine Le Pen au pouvoir n'entraîne « des risques réels pour la formation de la jeunesse et la production du savoir dans notre pays », notamment car son programme « contrevient à la tradition universitaire multiséculaire d’accueil des étudiants et chercheurs internationaux ». Dans son programme Marine Le Pen prévoit, par exemple, d’appliquer une « priorité nationale » pour les logements étudiants, promettant qu’« aucun étudiant étranger ne sera logé dans une résidence universitaire publique tant que toutes les demandes formulées par des Français n’auront pas été satisfaites ».

Ce mercredi encore, la Mutualité française appelle à « battre l'extrême droite en votant pour Emmanuel Macron ». La FNMF fait valoir qu'elle fonde depuis toujours son action « sur un socle de valeurs humanistes », sur les principes de « solidarité et de non-discrimination ». Or, « par-delà les discours aux accents tempérés, le projet de l'extrême droite reste le même, recadre la Mutualité. Les propositions sociales fondées sur un principe de préférence nationale sont incompatibles avec les valeurs républicaines d'égalité et de fraternité. »  


Source : lequotidiendumedecin.fr