1974. La secrétaire générale du Conseil supérieur de la magistrature, alors inconnue du grand public, rescapée des camps nazis, entre en politique par le haut, appelée par Giscard dans le gouvernement Chirac au poste de ministre de la Santé, seule femme ministre de plein droit. À peine nommée, elle prépare un projet de loi sur l’avortement que son prédécesseur, Michel Poniatowski (ministre dans le gouvernement Messmer) n’était pas parvenu à faire adopter en 1973. « Je voudrais vous faire partager une conviction de femmes, déclare-t-elle à la tribune. Je m’excuse de le faire dans une Assemblée constituée quasi exclusivement d’hommes : aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement. »
Pendant vingt-cinq heures de débats extraordinairement violents, elle subit les assauts de dizaines d’orateurs. « Des soudards », racontera-t-elle. « Vous instaurez un nouveau droit, celui de l’euthanasie légale », lance un député à l’ancienne déportée. « Ecoutez les palpitations du cœur d’un petit être de 49 jours », s’écrie un autre, qui appuie sur la touche play de son mini k7. « Votre loi ferait chaque année deux fois plus de victimes que la bombe d’Hiroshima. » « Nous connaîtrons en France des avortoirs. » « C’est le choix d’un génocide avec les embryons jetés au four crématoire. » À l’extérieur, des militants anti-avortement égrènent leurs chapelets. Mais Simone Veil tient bon face à la haine. La loi est votée par 284 voix contre 189, qui permet à une femme enceinte dans une situation de détresse de demander à un médecin l’IVG avant la dixième semaine.
1976. Simone Veil fait adopter la première loi française de lutte contre le tabagisme. Elle introduit des restrictions à la publicité en faveur du tabac, institue des premières interdictions de fumer dans les lieux publics et l’apposition d’avertissement sanitaires sur les paquets de cigarettes.
1977. Les réductions des dépenses de santé sont déjà une priorité. Le plan Veil stabilise l’offre de soins en réduisant le nombre de lits, il contrôle la création d’équipements lourds, relève les cotisations vieillesse sous plafond (+1,75 %). Le ticket modérateur sur les médicaments dits de confort est relevé de 30 à 60 %. L’étau du numerus clausus se resserre. Simone Veil revoit la carte hospitalière en fermant notamment des établissements à trop faible activité, elle rééquilibre les comptes de l’Institut Pasteur et met en place des aides financières pour les mères d’enfants en bas âge.
1979. Simone Veil crée la Commission des comptes de la Sécurité Sociale. Les dépenses d’assurance-maladie sont déplafonnées de 4 points.
1993. La ministre d’État, ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville dans le gouvernement d’Edouard Balladur, qui a quitté le Parlement européen, crée le statut de praticien adjoint contractuel (PAC). Sous condition de réussite à un examen, il améliore la situation des médecins étrangers tant sur le plan financier que sur celui de leur reconnaissance. Bien que précaire, il va permettre aux PADHUE (praticiens à diplômes hors Union européenne) d’enclancher le processus de leur intégration.
La même année, la ministre donne raison aux syndicats en suspendant l’arrêté de 1989 qui fixait la rémunération des gardes des médecins « attachés-associés » (principalement des médecins étrangers) sur la base de celle des internes de 3e et 4e années (60 % de celles des PH).
Une étiquette indélébile
De 1979 (premières élections européennes au suffrage universel) à 1993, Simone Veil quitte l’Avenue de Ségur pour le Parlement de Strasbourg, dont elle sera la première présidente. Mais tout au long de son parcours politique, encore après son départ du gouvernement, en 1995, elle restera poursuivie par la haine des adversaires de la loi qui porte son nom. Encore aujourd’hui, elle fait l’objet d’attaques régulières, comme celle qui lui impute la création du numerus clausus dans les facultés de médecine… en 1971, année où elle était membre du Conseil supérieur de la magistrature. Mais l’opinion lui aura maintenu invariablement son soutien, la portant depuis quatre décennies en tête des palmarès de popularité.
Soumission chimique : l’Ordre des médecins réclame un meilleur remboursement des tests et des analyses de dépistage
Dans les coulisses d'un navire de l'ONG Mercy Ships
« Le matin, je me demandais si j’allais bosser ou si je fonçais dans un mur », une médecin partage ce qui l’a aidée à sortir du burn-out
Pédocriminalité : l'ex-chirurgien Joël Le Scouarnec renvoyé devant une cour criminelle