La ministre de la Santé, Marisol Touraine, l’a annoncé ce matin lors d’une visite à Paris d’un centre de dépistage rapide du sida de l’association AIDES à l’occasion de la Journée internationale du sida. « L’agence du médicament va publier aujourd’hui (mardi) les recommandations pour l’administration de ce médicament qui sera remboursé à partir de l’année prochaine », a-t-elle déclaré.
Quelques heures plus tard, l’agence confirmait qu’elle avait établi la RTU le 25 novembre dernier. « La RTU sera effective au terme du processus d’instruction de la prise en charge qui interviendra au plus tard au début de l’année 2016 », précise l’agence. « Truvada est indiqué dans la PrEP en tant qu’outil additionnel d’une stratégie de prévention diversifiée de la transmission du VIH et concerne les personnes âgées de 18 ans ou plus à haut risque d’acquisition du VIH par voie sexuelle », poursuit-elle avant d’ajouter que la France était le premier pays européen à autoriser le Truvada dans la PrEP.
Au cas par cas chez les non-HSH
Pour élaborer la RTU, l’ANSM a pris soins d’impliquer dans la démarche un grand nombre d’acteurs, un comité scientifique spécialise temporaire pluridisciplinaire qui s’est réuni à 3 reprises et des acteurs concernés ; notamment ceux de la société civile au travers d’audition.
Les populations concernées par la RTU sont ainsi les personnes âgées de 18 ans ou plus à haut risque d’acquisition d’une infection par le VIH par voie sexuelle, notamment : les hommes ayant des rapports avec hommes (HSH) ou les personnes transgenres avec un risque élevé ; les personnes, hors HSH et transgenres, chez lesquelles une PreP peut-être envisagée au cas par cas dès lors que ces personnes « sont jugées à haut risque d’acquisition du VIH par voie sexuelle » (par exemple, un sujet en situation de vulnérabilité s’exposant à des rapports sexuels non protégés avec des personnes appartenant à un groupe à prévalence du VIH élevée).
Un suivi régulier incluant un dépistage du VIH tous les trois mois des personnes bénéficiaires de la PrEP est indispensable.
Le laboratoire Gilead va mettre à disposition des médecins un portail Internet dédié à la RTU de Truvada dans la PrEP. Les prescripteurs pourront ainsi compléter en ligne les fiches d’initiation et de survenue d’effets indésirables et aussi déclarer la survenue d’une séroconversion. Le portail sera disponible sur le site internet de l’ANSM, tout comme le protocole de suivi, dès que la RTU sera effective.
Autotests et centres de dépistage
Plus tôt Marisol Touraine avait insisté : « Le Truvada n’est pas un traitement à prendre dans n’importe quelles conditions. Il faut le prendre sous contrôle, avec un suivi particulier à l’hôpital ou dans des centres dédiés... Comme tout médicament, il y a des contre-indications, il peut y avoir des effets secondaires. » Elle a aussi rappelé tout comme l’a fait l’ANSM que le Truvada ne devait pas se substituer au préservatif qui reste « le meilleur moyen de prévention ».
Face au constat que, « quoique l’on fasse, certaines personnes n’utilisent pas le préservatif pour des raisons diverses, il fallait trouver un outil de prévention supplémentaire », a-t-elle ajouté. La ministre a annoncé l’autorisation et la prise en charge à 100 % du Truvada, traitement préventif contre le sida, « qui sera délivré de façon encadrée à l’hôpital et dans les centres de dépistage ».
Pour toucher les personnes les plus éloignées du dépistage, « les autotests seront mis gratuitement à la disposition des usagers via les associations et dans les structures de prévention engagées dans la lutte contre le sida ». par ailleurs, les centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic verront leurs missions élargies (en matière de prévention, de dépistage et de prise en charge des maladies sexuelles).
Une nouvelle campagne
Le ministère de la Santé et l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) ont lancé une campagne nationale (TV, affichage...) rappelant au plus grand nombre : « Se faire dépister, c’est prendre soin de son avenir. » Pour aider les professionnels dans leur pratique, l’INPES met gratuitement à disposition un des documents d’information en lien avec la santé sexuelle. Ils sont disponibles sur le site de l’Institut.
Lors de sa vite, Marisol Touraine a tenu à rappeler qu’il ne fallait pas banaliser le sida, qui « n’est pas une maladie du passé ». L’année dernière, « il y a encore eu en France 6 000 nouvelles contaminations. Dans notre pays, il y a 30 000 personnes porteuses du VIH sida sans le savoir », a-t-elle indiqué.
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