Le petit moral des PH

L’AMBIANCE était plutôt morose dans les coulisses du congrès Convergences santé hôpital, organisé par la CMH (Coordination médicale hospitalière) et le SNAM-HP (Syndicat national des praticiens des hôpitaux publics) la semaine dernière à Tours. Plusieurs médecins sont intervenus lors de la séance plénière pour exprimer leur malaise et leurs attentes. Comme ce chirurgien, en poste à Fort-de-France : « Au quotidien c’est la lutte pour avoir du matériel jetable, du personnel dédié. C’est épuisant. » Cet autre praticien, miné par les efforts à réaliser pour se sortir d’emprunts toxiques contractés par son hôpital, à Meaux, a parlé de « désespérance totale » : « On ne soigne plus que des euros. »

Le président de la CMH, François Aubart, résume le propos par une statistique issue des travaux menés par la mission Toupillier sur l’exercice médical à l’hôpital (« le Quotidien » du 22 septembre) : 72 % des praticiens hospitaliers sont en situation de souffrance au travail. À sept mois de l’élection présidentielle, les PH redoutent l’immobilisme politique. Xavier Bertrand, retenu à Paris par la Commission des comptes de la Sécurité sociale, a délégué son directeur de cabinet adjoint à Tours pour redonner le moral aux troupes. Renouvelées, les promesses n’ont pas calmé les esprits faute de calendrier suffisamment resserré.

La réécriture du décret sur les CME (commissions médicales d’établissement), annoncée avant la fin de l’année, interviendra après la plupart des élections aux CME – certains hôpitaux ont déjà renouvelé leur bureau, c’est par exemple le cas de l’AP-HM (où le Pr Guy Moulin a été reconduit dans ses fonctions de président). Or pour les médecins, ce point fondamental est urgent. En perte de légitimité, « les CME ont du mal à se réunir avec le quorum », fait valoir le Pr Roland Rymer, président du SNAM-HP. Pour Philippe Arnaud, président du SNPHPU, le texte doit être réécrit sans attendre, dans les tout prochains jours.

« Il y a une ouverture, on prépare le texte, il sera concerté, il sortira », a déclaré Annie Podeur, la directrice générale de l’offre de soins (DGOS) au ministère de la Santé, sans se risquer à prononcer une date.

Les négociations annoncées par Xavier Bertrand sur les PH à temps partiel, la retraite des hospitalo-universitaires, et les attachés, faute d’être assorties d’une date butoir proche, ne satisfont pas davantage les organisations de médecins hospitaliers. Qui ont noté qu’un accord-cadre statutaire est promis avant la fin de l’année, mais qui, plutôt que des mots, veulent à présent des actes.