Du remue-ménage dans deux centrales syndicales

Le SML devrait changer de capitaine, la FMF continue de se déchirer

Publié le 24/05/2012
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Deux syndicats signataires de la convention devraient connaître de profonds changements internes dans les prochaines semaines. Le Syndicat des médecins libéraux (SML) prépare la succession du Dr Christian Jeambrun, qui pourrait passer la main dès décembre. À la FMF, la scission s’accentue entre l’équipe dirigeante et la branche historique des spécialistes (FMSF) qui va adopter de nouveaux statuts pour représenter aussi les généralistes.

• Au SML, le Dr Jeambrun songe à passer la main

Selon nos informations, le Dr Christian Jeambrun a récemment annoncé en conseil d’administration qu’il ne briguerait pas un troisième mandat à la présidence du SML pour « raisons personnelles ». Le médecin rééducateur fonctionnel de Bayonne devrait transmettre le flambeau le 1er décembre lors de la prochaine assemblée générale. Plusieurs médecins, cadres du syndicat, nous l’ont confirmé même si le Dr Jeambrun est aujourd’hui moins direct. « J’ai fixé la date de l’assemblée générale élective et je souhaite que de nouvelles personnalités renouvellent l’équipe. Le but est de stimuler les candidatures et les bonnes volontés ». Le Dr Jeambrun affirme que la décision de savoir « qui reste et qui part » sera annoncée en assemblée générale en septembre, lors du congrès annuel du syndicat.

Le Dr Jeambrun a succédé au Dr Dinorino Cabrera, président fondateur du syndicat des médecins libéraux en décembre 1981, qui était resté aux manettes pendant 27 ans. L’annonce de son probable départ ne surprend pas ses plus proches collaborateurs. « Il en parlait beaucoup en comité restreint », nous a confié l’un d’eux.

En quatre ans de mandat, le Dr Jeambrun a insufflé de nombreux changements. Il a multiplié les propositions sur la médecine de ville. « Il a rénové le syndicat, a obtenu de bons résultats aux élections professionnelles d’octobre 2010 », insiste un membre du bureau. La centrale est arrivée en seconde position derrière la CSMF avec plus de 22 % des suffrages recueillis dans les trois collèges électoraux. Elle revendique un afflux d’adhérents qui la rend présente dans tous les départements de métropole et d’outre-mer. Le SML a été, avec la CSMF, l’un des principaux artisans de la rémunération à la performance instaurée dans la convention médicale signée en juillet dernier. Un accord qui a vu la création d’une commission pour les médecins à expertise particulière (MEP), forte préoccupation du syndicat. L’action du Dr Jeambrun a également été marquée par son opposition à la réforme du développement professionnel continu (DPC) dans sa forme actuelle.

Malgré ce bilan, des cadres du SML soulignent que certains changements radicaux imposés par cet homme de caractère sont mal passés comme le déménagement de la centrale de Ris-Orangis à Paris. Le syndicat prépare sa succession. Si aucun prétendant ne s’est officiellement déclaré, un profil se dégage, celui du Dr Roger Rua. Secrétaire général depuis 15 ans, il connaît les rouages du syndicat et dispose d’un carnet d’adresses bien fourni dans le secteur. En attendant la fin de l’année, l’équipe en place aura fort à faire avec un dossier prioritaire : la négociation que le gouvernement socialiste va ouvrir pour encadrer les dépassements d’honoraires. « Il y a des dossiers plus importants que mon cas personnel », tranche Christian Jeambrun.

• À la FMF, la querelle des spécialistes n’en finit pas

La branche « historique » des spécialistes de la Fédération des médecins de France (FMSF) a réagi à la création au sein de FMF, il y a quelques mois, d’une nouvelle section baptisée Union spécialiste (US), présidée par le Dr Benoît Feger. La FMSF conteste toujours l’élection du Dr Jean-Paul Hamon à la tête de la Fédération, l’an dernier. Dans l’attente du résultat du recours engagé contre ce dernier, la FMSF, dirigée par le Dr Djamel Dib va réunir le 16 juin une assemblée générale extraordinaire qui doit valider la transformation de sa structure en centrale polycatégorielle. « Des péripéties ont émaillé la vie de notre syndicat avec l’envahissement de la FMF par un groupe hostile à nos orientations », indique le Dr Djamel Dib dans un courrier adressé aux adhérents de la FMSF.

Opposée à la convention médicale à laquelle la FMF a adhéré, la FMSF rejette le paiement à la performance (P4P) et demande le maintien du secteur II, aujourd’hui la cible du gouvernement. Le syndicat réclame un « réajustement des honoraires et des actes techniques à la réalité économique sans actes perdants » ou encore la création d’une nouvelle nomenclature clinique. Dans l’optique de poursuivre son combat syndical, la FMSF appelle ses confrères à soutenir son action en lui adressant leur cotisation.

 CHRISTOPHE GATTUSO

Source : Le Quotidien du Médecin: 9131