« Les solutions on les connaît » : devant les élus locaux, Mélenchon vante le salariat des médecins… et cogne sur les prépas privées

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Publié le 16/03/2022
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Crédit photo : AFP

Auditionné le 15 mars (comme neuf autres candidats) devant un parterre d’élus locaux, réunis à Montrouge à l’occasion des « Rencontres des libertés locales », Jean-Luc Mélenchon a déroulé son programme santé, à l’invitation de l’Association des maires de France (AMF), des départements (ADF) et des régions (Régions de France) réunis sous la bannière « Territoires unis ».

« Le meilleur système de santé au monde a été, en quelques années, réduit à la situation que vous connaissez : 17 000 fermetures de lit, 5 700 en pleine crise », clame le patron de La France Insoumise. « La réduction de la présence hospitalière sur le territoire a abouti, en plus de la désertification, à une situation absolument folle, où les urgences deviennent le lieu où tout le monde atterrit, et où on leur reproche d’y être », poursuit Jean-Luc Mélenchon, furieux contre la mise en place du forfait patient urgences, « une bêtise immense », « un filtre dans l’accès au soin ».

Machine à sélection sociale

Pour lutter contre la pénurie médicale, le candidat de la gauche radicale souhaite « définitivement » supprimer le numerus clausus (aujourd'hui remplacé par un numerus apertus sans supprimer son caractère très sélectif), responsable selon lui de « cette brillante pénurie ». Pour y parvenir, Jean-Luc Mélenchon promet de donner des moyens conséquents de formation aux facs de médecine et de lutter contre les prépas privées. « Le numerus clausus a abouti à des mécanismes très pervers, des cours privés qui sont une machine à sélection sociale absolument insupportable à mes yeux », se désole l’insoumis. Et face au pataquès de la réforme du premier cycle – jugée injuste par une partie des carabins – Jean-Luc Mélenchon promet dans son programme de « réhabiliter la possibilité de redoublement pour l’entrée en faculté de médecine »

Pour combattre la précarité étudiante, il propose une garantie d’autonomie de « 1063 euros » jusqu'à la fin de l'internat et, parallèlement, de mieux reconnaître leur travail de stage.

14 heures mensuelles en désert

Sans prôner explicitement la coercition, comme d’autres candidats, il a célébré devant les élus les bienfaits du salariat médical pour repeupler les zones sous-denses. « Les mentalités ont évolué, notre bon docteur, à nous, de notre génération, qu’on pouvait mobiliser le jour et la nuit, c’est fini tout ça ! », justifie l’homme politique. Avec la féminisation de la profession, Jean-Luc Mélenchon est convaincu qu’il y a désormais « une plus grande disponibilité à la salarisation des médecins, c’est un atout ».

« Il faut donc être volontariste, ouvrir des maisons ou des centres de santé qui permettent à plusieurs médecins de participer au travail en étant salariés », plaide-t-il encore. Il entend ainsi, dès le début de son mandat, « mailler le territoire de centres de santé pluriprofessionnels », qui exerceraient en lien étroit avec les hôpitaux publics du secteur. Ensuite, Jean-Luc Mélenchon imagine mettre en place, dans ces centres, « une rotation de permanence de soins, grâce à la mise en place d’un quota horaire mensuel à effectuer en zone de désert médical régionale ». Généralistes et spécialistes seraient ainsi amenés à exercer 12 à 14 heures par mois, pour « venir en aide aux confrères et consœurs de ces localités ».

Fin des dépassements d'honoraires

Au-delà, le candidat de La France Insoumise souhaite organiser des « assises participatives de la médecine de proximité », réunissant dans chaque région tous les acteurs du soin. Des assises qui seront l’occasion de proposer une revalorisation des rémunérations des praticiens, « pour mettre fin aux dépassements d’honoraires dans une réforme plus profonde du financement », affirme le programme.

« Ce n’est pas la peine d’inventer midi à 14 heures, les solutions on les connaît, et elles existent déjà dans un certain nombre d’endroits, l’idée c’est de généraliser les bonnes pratiques », résume Jean-Luc Mélenchon, qui prévoit tout de même « une période intermédiaire extrêmement dure à gérer ».

Le candidat a enfin salué le travail des médecins étrangers. « Si vous commencez à enlever les médecins, les spécialistes qui ne sont pas français, il y aura encore moins de monde ! Je propose qu’on commence par redevenir poli, et qu’on dise merci, aux gens qui nous rendent service, au lieu de les maltraiter », a résumé Jean-Luc Mélenchon, suscitant les applaudissements de certains élus. 


Source : lequotidiendumedecin.fr