Macron lance son Conseil national de la refondation et promet du « concret » sur la santé, les déserts médicaux en plat de résistance

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Publié le 08/09/2022

Crédit photo : AFP

Emmanuel Macron a donné ce jeudi le coup d’envoi du Conseil national de la refondation (CNR), présenté par le locataire de l’Élysée comme un outil « de consensus, de renouveau démocratique » et « d’action ». À Marcoussis dans l'Essonne, les échanges devaient se dérouler toute la journée à huis clos autour d’une quarantaine d’acteurs, élus locaux, syndicats, ministres, associations citoyennes… En revanche, les partis d’opposition ont boudé cette grand-messe. Au menu, cinq grands thèmes : le plein-emploi, l’école, la santé, le bien vieillir et la transition écologique.

Sur la santé, que le président considère comme « l’une de ses priorités de terrain », il a promis « de lancer très vite des actions concrètes, dès les prochaines semaines ». Comme l’annonçait le ministre de la Santé François Braun au « Quotidien » fin août, le volet santé du CNR se traduire par la fameuse concertation des partis prenantes. « On a déjà bien commencé tout le travail préparatoire sous forme de très nombreux entretiens bilatéraux avec les représentants du secteur », expliquait alors l’urgentiste en évoquant « déjà plus de 1 000 propositions dont nous faisons une première synthèse ».

Médecine solidaire

Lors de cette première journée d’échanges, qui visait aussi à « lancer un calendrier de travail », seuls trois acteurs du monde de la santé devaient être présents : Éric Chenut, président de la Mutualité française, Gérard Raymond, président de France Assos Santé (organisation de référence pour représenter les patients et usagers) et Jérémie Boroy, président du Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH).

Contacté par « Le Quotidien » Gérard Raymond confirme qu’il défendra une refondation du système de santé « en partant des besoins et attentes de nos concitoyens dans chaque territoire » pour « passer d’une médecine solitaire a une médecine solidaire ». Le président de France Assos Santé entend également faire valoir « une participation des usagers dans le cadre d’un dialogue permanent entre les citoyens, les professionnels de santé, les pouvoirs publics et les élus dans chaque territoire ».

Les représentants des médecins libéraux s'interrogent de leur côté sur ces grandes manœuvres. S'il assure qu'il participera bien à la concertation des parties prenantes, le SML redoute ce jeudi qu'il s'agisse d'une « diversion », d'autant que les résultats de cette démarche seront connus « après le début des discussions du PLFSS 2023 ». Lors d'une conférence de presse, MG France s'est également dit prêt à discuter pour « améliorer la prise en charge des patients de demain », mais n'acceptera pas de mesures coercitives sur l'installation ou la permanence des soins.

Politiques territoriales de santé

Conviés à Marcoussis, nulle doute que les élus locaux – Association des maires de France ou Association des maires ruraux – auront leur mot à dire sur la bonne méthode pour combattre la désertification médicale. L’Élysée anticipe à cet égard la déclinaison locale du CNR « sur l'accès aux soins, sur la question des déserts médicaux ». « Cela prendra la forme de concertations qui seront menées sur les bassins de vie, explique-t-on à l'Élysée. Comment est-ce qu'on arrive à mieux articuler, territoire par territoire, la question de la médecine de ville, de la médecine hospitalière, l'intervention des professionnels de santé ? »

Quant aux mesures plus salées, comme le sort de la liberté d’installation ou le retour des gardes obligatoires, « si les parties ne s’entendent pas, ma responsabilité sera de trancher. Sur le fond, je ne veux aucun tabou », a annoncé François Braun dans nos colonnes.

L’attractivité des carrières médicales et paramédicales et la prévention devraient également figurer au menu du CNR, confirme l’Élysée.

« Accouchement collectif »

Les propositions du CNR pourraient aboutir, selon les mesures, à des déclinaisons de politiques territoriales mais aussi à des projets de loi et, pourquoi pas, à un référendum. « Je n’exclus rien », confirme Emmanuel Macron, qui précise que « tous les sujets pourront être évoqués », y compris celui de la fin de vie. « Un sujet de société majeur » sur lequel « il faut bouger pour plus d'humanité », juge le président de la République, qui s’exprimera mardi prochain, à l'occasion des travaux du Comité consultatif national, d’éthique (CCNE).

Un site internet, lancé dans les jours à venir, doit permettre de suivre le développement des propositions du CNR et la feuille de route. « Nous nous obligeons à avancer et à avoir des résultats concrets », promet encore l’Élysée. Aussi, « nous allons ouvrir dès la semaine prochaine une consultation en ligne ouverte à tous, pour remettre nos compatriotes au cœur de grands choix de la nation », a fait savoir Emmanuel Macron, qui souhaite « un accouchement collectif ».


Source : lequotidiendumedecin.fr