Créée après la seconde guerre mondiale pour lutter contre la mortalité infantile, la protection maternelle et infantile (PMI) couvre un large champ, de la prévention médico-sociale pour les (futures) mères et leurs enfants, à la planification et l’éducation familiale. Si leurs missions se sont élargies, le nombre de médecins a nettement reculé sur la dernière décennie, révèle la Drees (ministère) dans une étude.
Alors qu'ils ont « un rôle central » dans le fonctionnement de la PMI et assurent les consultations, les médecins sont passés de 2 207 ETP en 2010 à 1 683 en 2019, soit un recul de près d'un quart (-524 ETP). En comparaison, la totalité des effectifs de PMI a diminué de 0,3 % par an en moyenne entre 2010 et 2019, tandis que les infirmiers puériculteurs (5 000 ETP, 43 % des personnels) et les sages-femmes (1 100 ETP) ont même progressé d'un peu plus d'1 % par an.
Sur la seule période récente 2016/2019, les services de PMI – qui emploient 12 300 professionnels sur 4 800 points de consultations – ont même perdu près de 5 % de leurs effectifs de médecins chaque année. Preuve de cette décrue, les médecins représentent désormais seulement 16 % des effectifs de la PMI, contre 20 % en 2010.
Difficultés de recrutement
Entre 2016 et 2019, les départements ont perdu 270 ETP de médecins de PMI, chiffre la Drees. Pour 57 départements, cette diminution est d’au moins 10 % et de 30 % ou plus pour 18 d’entre eux. Certains départements comme le Jura, la Haute-Loire, la Lozère ou la Meuse comptent moins de trois médecins ETP. En rapportant les effectifs totaux de médecins à la population des enfants de moins de six ans, leur densité s’établit, fin 2019, à 3,8 ETP pour 10 000 enfants.
Cette décrue des effectifs s'explique notamment par des « difficultés de recrutement ». Les postes de médecins sont « peu rémunérateurs » dans les services de PMI, comparés aux autres lieux d’exercice, « ce qui pourrait peser sur leur attractivité ». La grille indiciaire de la fonction publique territoriale, surtout en début de carrière, est moins favorable que celle de la fonction publique hospitalière – 2 160 euros brut pour un médecin de 2e classe en début de carrière, contre 4 400 euros bruts pour un PH.
Selon la Drees, certains départements déclarent « ne plus réussir à pourvoir certains postes », qui restent durablement vacants, le phénomène allant croissant avec les départs à la retraite de praticiens. D'autant que le Code de la santé publique n'impose pas aux départements de respecter des normes relatives aux effectifs concernant les médecins, alors que c'est le cas pour les sages-femmes ou les infirmiers puériculteurs.
Léger déclin de l'activité
De façon concomitante à ces baisses d'effectifs médicaux, l'activité des services de PMI a légèrement diminué. En 2019, 1,383 million de consultations infantiles (41 % de l'activité) et 550 000 visites à domicile (VAD) infantiles (17 % de l'activité) ont été réalisées, soit 4,5 % de moins qu'en 2016. En 2019, il y a en moyenne 435 consultations et VAD pour 1 000 enfants de moins de 6 ans. « Le ralentissement démographique pour cette tranche d’âge, lié à la baisse régulière des naissances depuis 2010, n’explique pas à lui seul cette diminution de l’activité », indique la Drees.
La planification (contraception, IVG) et l’éducation familiale (29 % de l’activité des services de PMI), ont également décru, passant de 46 consultations pour 1 000 femmes de 15 à 49 ans en 2016 à 43 en 2019. Enfin, les actions en faveur des mères et des futures mères (15 % de l'activité) diminuent elles aussi légèrement entre 2016 et 2019 et sont passées de 34 à 32 consultations et visites pour 1 000 femmes.
* Données issues de l’enquête Aide sociale, réalisée tous les ans auprès des conseils départementaux.
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