En 2015, le taux de chirurgie sans nuit d'hospitalisation en France, tous secteurs confondus, était de 47 %. Le but affiché du ministère de la Santé est d’atteindre un taux supérieur à 60 % à l'horizon 2020. L'État espère ainsi réaliser 600 millions d'euros d'économies.
Le développement de l'hospitalisation à domicile, la réduction des durées moyennes de séjour et l'essor de l'ambulatoire sur la médecine hospitalière, les soins de suite et de réadaptation et la psychiatrie sont les trois autres versants de la stratégie du gouvernement.
Médecins salariés, gestionnaires de centres et experts du système de santé ont alerté les pouvoirs publics sur les effets néfastes du virage ambulatoire sur les populations les plus précaires lors du 56e congrès national des centres de santé qui s'est tenu la semaine dernière, à Paris.
Effritement des solidarités
Au congrès, plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer une politique fondée sur des raisons purement économiques au détriment des enjeux médicosociaux. Le sociologue Frédéric Pierru a évoqué avec vigueur le risque de « d'effritement des solidarités » et de« transfert d'activités sauvages de l'hôpital vers la ville, restée désorganisée ».
Le manque de relais extrahospitaliers en ville fait également craindre au Dr Christophe Prudhomme, porte-parole de l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF), un retour à l'hôpital de « patients boomerangs » trop vite évacués des murs de l'établissement.
« Il ne reste plus que du long séjour à l'hôpital, ce qui fait augmenter les durées moyennes de séjour, a confirmé un ancien médecin du CHU de Nantes. Non seulement le virage ambulatoire ne marche pas, mais il a même des effets pervers sur les finances des hôpitaux. »
Moines soldats
Attachés à l'égalité d'accès aux soins pour tous, favorables à l'application obligatoire du tiers payant intégral, les centres de santé revendiquent une politique de prise en charge des patients les plus précaires, pour certains « oubliés » du système de santé.
« Les centres de santé ne parviennent à vivre que par le travail de moines soldats et la volonté des politiques locales », a témoigné le Dr Julien Le Breton, médecin généraliste et directeur du centre municipal de la Courneuve (Seine-Saint-Denis).
Gilles Moullec, directeur de l'hôpital psychiatrique Edouard Toulouse (Marseille), fait partie de ces managers favorables au décloisonnement entre la ville et l'hôpital. Depuis le 20 juin, son établissement situé dans les quartiers défavorisés du nord de la cité phocéenne, accueille dans ses murs un centre de santé où exercent six médecins (dont quatre généralistes) qui recherchaient un local depuis plus de deux ans. « Nous avons la même philosophie de soins, nous cherchons à pallier les difficultés constatées dans un désert médical urbain », a témoigné le directeur d'hôpital, le seul en France à porter une telle initiative, qui va bien au-delà de la gestion simple de la structure.
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