Des chercheurs de l'Emory Vaccine Center (Atlanta) en collaboration avec une équipe thaïlandaise de l'université Mahidol (Bangkok) montrent dans la revue « PNAS » comment une infection préalable au virus de la dengue peut potentialiser un épisode ultérieur à Zika.
Ces résultats publiés lundi 27 juin 2016 font directement écho à ceux publiés la semaine précédente dans « Nature » et « Nature Immunology » par une équipe française de l'Institut Pasteur/CNRS sous la direction du Pr Félix Rey.
La moitié des anticorps en commun
Les chercheurs français, en collaboration avec l'Imperial College London et l'université Mahidol de Bangkok, avaient eux aussi observé les réactions croisées entre les deux flavivirus. Loin d'être protecteurs, la majorité des anticorps favorisent un phénomène dit ADE (antibody-dependent enhancement) de potentialisation de l'infection dépendant des anticorps. « Ce sont vraiment les deux facettes du même problème », a commenté le Pr Jens Wrammert, pédiatre à l'Emory University School et dernier auteur de l'étude américaine.
Les chercheurs de l'Emory Vaccine Center ont analysé le sérum de 9 patients thaïlandais ayant ou ayant eu la dengue et suivis au Siriraj Hospital de Bangkok pendant et après l'infection. In vitro, tous les sérums ont réagi contre le virus Zika. Sur les 47 anticorps monoclonaux anti-dengue testés, la moitié se fixait sur Zika, et un petit sous-groupe s'est révélé neutralisant.
Des vaccins et des anticorps en vue
Comme Félix Rey, Jens Wrammert estime : « Pour Zika, les réponses immunitaires et la gravité de la maladie pourraient être différentes dans des zones endémiques pour la dengue, ou parmi des groupes ayant eu la dengue par rapport à d'autres naïfs. » Pour le Mehul Suthar, co-auteur de l'étude des « PNAS » : « Il sera important de savoir si les anticorps anti-dengue facilitent la pénétration du Zika à travers la barrière placentaire et l'accès au foetus en développement. »
Ces résultats boostent la recherche sur les vaccins et les traitements par anticorps. L'équipe française a une longueur d'avance sur les Américains en ayant identifié deux anticorps neutralisants très puissants communs aux deux virus, les anticorps EDE, ainsi que leur site de fixation identique sur les deux virus. Pour le Pr Félix Rey, en attendant le développement de vaccin, « ces anticorps pourraient être utilisables sans attendre pour protéger les femmes enceintes, à la condition que les moyens de production soient disponibles ».
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